Seules quelques communes ont réussi à lancer des coopératives de jeunes pour le gardiennage des parkings. L'opération initiée en grande pompe par les pouvoirs publics bute contre des problèmes qui ont la peau dure. Même dans les communes qui ont pu mettre en place ces coopératives, à l'instar de Gué de Constantine ou Douéra, des jeunes continuent de s'autoproclamer gardiens de parkings. Ils exploitent illicitement des pans entiers de quartiers et de lotissements. A Gué de Constantine, l'APC a soutenu la création de 15 coopératives qui sont actuellement opérationnelles, mais les responsables locaux n'ont pas empêché d'autres jeunes d' accaparer des rues et venelles de la ville pour en faire des parkings exploités en dehors du circuit légal. A quelques mètres du siège de l'APC se trouvent deux parkings mitoyens. Le premier est exploité de manière réglementaire par des jeunes qui ont obtenu la concession dans le cadre de ces coopératives, le deuxième est géré illégalement par de jeunes désœuvrés. «Les pouvoirs publics peuvent créer autant de coopératives qu'ils veulent, cela ne réglera pas le problème, à partir du moment où d'autres jeunes prennent la relève en exploitant illégalement d'autres endroits de la ville», assure un élu de l'APC de Gué de Constantine. «Pour que cette opération puisse réussir, il faut impérativement stopper la création de nouveaux parkings anarchiques», poursuit-il. Dans certaines communes, où l'opération avait été lancée de manière prématurée, les responsables locaux tentent de régulariser ces nouveaux exploitants au fur et à mesure. Cette démarche n'est pas ce qu'il y a de mieux, car vouloir régulariser tout le monde, reviendrait à créer des milliers de parkings. «Chaque trottoir et chaque portion de rue est potentiellement transformable en parking», ironise un habitant du centre-ville d'El Harrach, où les gardiens de parkings ont toujours pignon sur rue. Du siège de l'APC jusqu'au tribunal, le nombre de parkings gardés par des jeunes est ahurissant. Aucune rue n'échappe à cette activité illicite. Aux abords de l'APC, où il y a en principe plus d'organisation qu'ailleurs, le nombre de gardiens avoisine les dix : «Nous, habitants des immeubles avoisinants, sommes obligés de nous acquitter des droits de stationnement, même devant nos maisons, car le matin il y a un gardien, le soir un autre qui prend le relais», diront les résidants. La situation qui prévaut actuellement reflète l'absence de vision à long terme. Régulariser des jeunes dans la fonction qui est la leur ne signifie nullement maîtrise du problème. Les gardiens des parkings anarchiques continuent à faire la pluie et le beau temps, coopérative ou pas coopérative.