Très connu sur la scène nationale, le comédien Toufik Mezaache, un pur produit du mouvement théâtral sétifien, a bien voulu nous parler de ses projets, de la formation, -son nouveau cheval de bataille-, ne mâche non plus ses mots à l'égard de la direction du théâtre régional. - Qu'avez-vous actuellement en chantier ?
Après la pièce Harag Ona essarab qui a connu un franc succès, je prépare un nouveau one man show. Le spectacle tourne autour de la vie quotidienne d'une mère, sa fille et son mari. Pour la première fois, je me mettrai dans la peau de ces trois personnages. Diffusée à plus de 40 reprises, Harag Ona essarab sera au programme d'une longue tournée à Naâma, Saïda, Mascara et dans d'autres wilayas de l'ouest et sud du pays. Pour assurer la relève, la formation de jeunes comédiens fait partie de mon programme. Vingt-cinq jeunes comédiens sont actuellement sous ma coupe. Lancé en collaboration avec la direction de la maison de la culture qui s'implique totalement, ce cycle qui prendra fin en juin 2014, sera ponctué par un grand spectacle. Entamée depuis un certain temps, la détection de jeunes talents est à l'origine de l'éclosion de Ilda Daoudi, une jeune et talentueuse slameuse, et de la petite comédienne Loukia Nour Shems (11 ans), ayant décroché dernièrement le 2e prix du festival Fouara show. Le moment est venu pour ouvrir le champ à de nouveaux talents, pétris de qualité.
- On vous reproche d'avoir fait de Nouri Camacho et Rachid Chiah, des comédiens…
Le jour où j'ai partagé la scène avec Camacho, la salle de la maison de la culture a affiché complet. Je n'ai jamais vu un tel public durant mes 20 ans sur les planches. La diffusion au théâtre municipal de Rachid Chiah (un artiste né) a fait un tabac. La présence du public qui n'est pas dupe, fait taire les esprits boiteux. L'hommage rendu à Camacho par mes amis et connaisseurs du TR Constantine, n'a besoin d'aucun commentaire. En un mot, Rachid et Camacho qu'on ne présente plus, sont nés pour être des comédiens, point barre.
- Quelle appréciation faites-vous sur l'activité théâtrale au niveau de la wilaya ?
L'avènement du théâtre régional implanté à El Eulma a été bien accueilli par toute la famille du 4e art de la wilaya disposant d'un potentiel extraordinaire. Néanmoins, les pratiques de la direction du théâtre faisant dans la marginalisation des potentialités locales, m'obligent à les dénoncer. Figurez-vous que le produit local n'est toujours pas diffusé dans les 60 communes de la wilaya. Les citoyens de Aïn Sebt, Mouaouia, Boutaleb, Beni-Mohli, Guenzet, Serdj El Ghoul, Babors, Dehamcha, Hammam Guergour, et j'en passe, ont le droit de voir à l'œuvre Toufik Mezaache, Lamri Kaouane, Tahar Krour, Mohamed Harbi, Fateh Selmani, Lydia Benacer et bien d'autres. Préférant dérouler le tapis rouge aux autres, la direction du théâtre impose des conditions draconiennes à l'artiste local, reconnu et estimé ailleurs. Au lieu de faire appel aux metteurs en scène, assistants, chorégraphes et dramaturges de la wilaya, la direction préfère voir ailleurs. En dépit de ce mépris qui ne dit pas son nom, les comédiens de la région prowduisent. Pour l'intérêt de tous les acteurs du fait théâtral, on doit mettre un terme à la marginalisation du produit local d'autant plus que les pouvoirs publics et en premier lieu le ministère de la culture ne lésine pas.