Il y a dix mois, presque jour pour jour, le wali de Constantine découvre une situation inédite à la cité Benchergui. Un mois avant son investiture à la tête de la wilaya, le 23 août 2005, l'APC de Constantine, qui avait déclaré la guerre aux constructions illicites, avait rencontré les premières difficultés dans la cité Benchergui. La démolition de 26 constructions sur le chemin d'El Djebass donnera une étincelle à un mouvement de protestation qui dégénère en affrontements violents jamais connus dans la cité durant la journée du 23 juillet de l'année écoulée. Se trouvant sur le même site lors d'une récente visite sur les lieux, le premier responsable de l'exécutif n'aura qu'à exprimer une vive colère. « Pourquoi vous m'avez amené ici pour voir ce décor ? Débarrassez-moi de tout ça », s'écria-t-il en direction des autorités de la commune. Pour le décor, il s'agit de ces mêmes constructions illicites démolies depuis dix mois puis reconstruites au nez et à la barbe des autorités de la ville sur le même terrain, au point culminant de la cité Benchergui, en dépit de toutes les mises en garde. Cette situation ne manquera pas de créer un véritable cafouillage entre les citoyens et la municipalité, car ces mêmes habitants devaient bénéficier de logements dans le cadre de l'habitat rural en contrepartie d'un engagement de ne plus réinvestir leurs gourbis et de ne pas les louer à des futurs indus occupants. Pour l'association du quartier, qui essaiera d'éclairer les lanternes d'une délégation prise d'assaut par des citoyens en furie, les raisons de cette confusion résident dans les rumeurs colportées depuis quelques semaines prévenant les concernés qu'ils ne seraient pas les bénéficiaires du projet programmé. L'incertitude et le doute qui se sont installés auront accentué le degré du mécontentement de la population en l'absence de canaux officiels de communication, mais aussi des actes administratifs officiels pour rassurer des citoyens trop inquiets pour ne pas capter les rumeurs ramenées par le vent et ne pas y croire. « Ce ne sont que des tentatives pour déstabiliser les gens en vue de saborder une initiative qui ne semble pas plaire à ceux qui gèrent encore un système de rente dans la cité », a déclaré un membre du comité du quartier. En fait, le concret a été donné par la présence du wali qui affirmera que le projet de construction des logements ruraux sera maintenu au profit de 66 familles, dont dix sont concernées parmi les habitants des gourbis démolis alors que huit autres devront bénéficier de logements dans un second quota. Par ailleurs, la cité Benchergui devra bénéficier, pour la première fois, d'un projet de raccordement au réseau du gaz naturel au profit de 2300 foyers pour un montant de 98,4 millions de dinars et dont la réception est prévue pour le mois de novembre prochain, suivant la formule classique de participation où les bénéficiaires auront à contribuer à hauteur de 10 000 DA, alors que le financement global sera assuré par l'Etat et Sonelgaz. Dans une cité où la topographie difficile et particulière aura marqué durant longtemps une population laissée-pour-compte, un espoir semble renaître pour améliorer un quotidien trop dur en attendant mieux dans les prochains mois.