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Ken Loach crée la surprise
Palme d'or du Festival de Cannes
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2006

And the winner is (Le vent se lève) du Britannique Ken Loach sur la guerre d'indépendance irlandaise dans les années 1920. En remportant, dimanche soir, à l'unanimité du jury, la palme d'or du 59e Festival de Cannes, Le vent se lève crée la surprise, alors que les noms des favoris, qui circulaient encore quelques heures avant la cérémonie, étaient tout autres : un Espagnol (Pedro Almodovar), deux Mexicains (Guillermo Del Toro et Alejandro Gonzalez Inarritu) et une Américaine (Sofia Coppola).
Mais le dernier mot revenait au jury, présidé par Wong Kar-Wai. Le cinéaste hongkongais et ses huit jurés (les acteurs Tim Roth, Samuel Jackson, Monica Bellucci, Helena Bonham-Carter et Zhang Ziyi, les réalisateurs Patrice Leconte, Lucrecia Martel et Elia Suleiman) se sont réunis en conclave dans un lieu tenu secret et sous haute protection pour concocter un palmarès surprenant, mais pas déplaisant. Des déclarations du « porteur » de la palme d'or, on retiendra de belles phrases, telles que « nous espérons que ce film constitue un pas, un tout petit pas dans le face-à-face des Britanniques avec leur passé impérialiste » ou encore « si nous osons dire la vérité sur le passé, peut-être oserons-nous dire aussi la vérité sur le présent ». Le grand prix, la plus importante distinction après la palme, revient au film Flandres du Français Bruno Dumont. Les actrices du film Volver et les acteurs du film Indigènes ont reçu, respectivement et à titre collectif, les prix d'interprétation féminine et masculine de cette 59e édition du Festival de Cannes, une première, puisque les deux prix d'interprétation n'avaient jamais été en même temps remis à titre collectif au Festival de Cannes. Le prix d'interprétation féminine va ainsi aux actrices espagnoles qui incarnent les principaux rôles du film Volver de leur compatriote Pedro Almodovar : Pénélope Cruz, donnée jusqu'au bout grande favorite pour ce prix, mais aussi Carmen Maura, Lola Duenas, Blanca Portillo, Yohana Cobo et Chus Lampreave. Le président du jury, le Chinois de Hong Kong, Wong Kar-Wai, a précisé que ce prix allait à une “famille”, et il a rendu un hommage appuyé à Pedro Almodovar, qui « s'illustre dans cette industrie par son amour des femmes ». Le prix d'interprétation masculine va, collectivement, aux acteurs du film Indigènes du Français d'origine algérienne Rachid Bouchareb : Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Le film, longuement applaudi lors de sa projection jeudi dernier, rend hommage au rôle joué par les soldats de l'Armée d'Afrique dans la libération de la France à la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Ce film représente le désir de toute une génération, son besoin de retrouver sa mémoire, son histoire », a déclaré Sami Bouajila après l'annonce du prix. Le prix de la mise en scène de ce 59e Festival de Cannes a été décerné au Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu pour son film Babel, alors que le meilleur scénario est celui de l'Espagnol Pedro Almodovar, qui a écrit et réalisé Volver. Enfin, le prix du jury va à la Britannique Andrea Arnold pour son premier long métrage Red Road, alors qu'elle avait reçu l'oscar du meilleur court métrage, l'année dernière, pour Wasp. Quant à Sofia Coppola, elle ne s'en ira pas les mains entièrement vides puisqu'elle s'est vu décerner le prix de l'éducation nationale pour son film Marie-Antoinette par un jury de dix membres de la communauté éducative et professionnelle, présidé par l'écrivain et réalisateur Frédéric Mitterrand. « Le film a été choisi pour son intérêt cinématographique et pédagogique et ses qualités artistiques », avait précisé le jury dans un communiqué. Pour être utilisé en classe, ce film donnera lieu à la création d'un DVD rom pédagogique qui en facilitera l'approche et invitera à l'analyse et au débat avec les élèves. Les précédents lauréats de ce prix sont Cinéma, aspirines et vautours de Marcelo Gomes (2005), La vie est un miracle d'Emir Kusturica (2004) et Eléphant de Gus Van Sant (2003), la veille de sa double consécration au palmarès du festival par le prix de la mise en scène et la palme d'or.

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