Qui aurait cru que Le vent se lève de Ken Loach allait décrocher la Palme d'or ? Ce fut donc une énorme bonne surprise. Ken Loach, Ecossais de 70 ans, a eu pratiquement tous les prix à Cannes sauf la Palme. Son film avait été un peu oublié dans le tourbillon du Festival étant passé le premier jour. Une malédiction le frappait alors que c'est un grand auteur de cinéma résistant, fidèle aux thèmes historiques, sociaux et politiques. Dans Le vent se lève, Ken Loch affiche le souci de lever le voile sur la guerre de libération de l'Irlande et de montrer comment l'Angleterre a toujours eu la politique de terreur contre ce mouvement de Libération. Ken Loach fait du cinéma depuis des décennies toujours avec le même talent, la même logique : filmer l'âme du peuple et balayer l'injustice. Deuxième coup de génie du jury de Wong Kar Whi : distinguer collectivement les acteurs de Indigènes, le film de Rachid Bouchareb, sur lequel désormais il faudra fonder tous les espoirs, car il a fait une très belle leçon de cinéma et donné une haute idée de mise en scène d'une histoire oubliée. De certains épisodes de la Deuxième Guerre mondiale scandaleusement occultés des livres de classe, Rachid Bouchareb a tiré un morceau de bravoure très abouti. Et ses acteurs-beurs ont laissé éclater leur talent. Les Sami, Rochdy, Jamel, d'autres cinéastes importants vont désormais les considérer beaucoup plus attentivement. Le savoir-faire (à profusion) des actrices espagnoles de Pedro Almodovar mérite aussi d'être reconnu et fêté. Il y a eu comme un transfert du talent magnifique du cinéaste vers elles, et réciproquement. Deux regrets tout de même, l'oubli du sorcier de la politique italienne, Nanni Moretti, dont le Caïmano allie comédie et cri de révolte pour sortir l'Italie de la mauvaise pente ; et le travail du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan (Climats), un metteur en scène majeur, au talent en tant que cinéaste et acteur très limpide. Oubliée aussi (mais elle le mérite bien), Sofia Coppola qui est tombée dans le piège de la facilité en faisant un très pâle Marie-Antoinette, sans énigme, sans émotion. La seule sensation de ce film, fut la soirée que la réalisatrice a donnée à Cannes et qui a coûté un million d'euros, avec feu d'artifices sur le vieux port... L'aventure du 59e Festival de Cannes s'achève. On prépare déjà le 60e anniversaire. Cannes reste le lieu de passage des plus grands auteurs de cinéma. L'aventure continue.