Alors que le Salon international du livre d'Alger (SILA) battait des records d'affluence, selon les organisateurs, Beyrouth accueillait au même moment son 20e Salon du livre francophone (SLFB) du 2 au 10 novembre. L'occasion pour El Watan Week End de vous en proposer la visite. Il est difficile de comparer un Salon international du livre comme celui d'Alger à un Salon du livre francophone, tel que celui qui se déroulait à Beyrouth, au même moment. Néanmoins, cette année, au Liban, les allées du Salon étaient dégagées, les stands vides et les conférences n'ont pas attiré les foules. Pourtant, l'Institut français, qui organise cet événement, a fait montre d'une organisation des plus efficaces. De plus, de nombreuses personnalités du monde littéraire francophone étaient au rendez-vous, avec, en invité d'honneur, Amin Maalouf, écrivain libanais d'expression française qui a été admis plus tôt dans l'année à l'Académie française et qui a été décoré par le président libanais, le général Michel Sleiman. La conférence qu'il a donnée samedi 8 novembre a attiré les foules et l'engouement des Libanais pour celui qui a publié son dernier roman, Les Désorientés, en septembre dernier était des plus palpables. «Amine Maalouf est plus qu'un simple auteur pour nous Libanais, il est la preuve que nous avons du talent. Il est la fierté du Liban, de tous les Libanais, au-delà de toutes considérations», affirme ainsi Roula, venue au Salon du livre francophone pour l'occasion. Amin Maalouf a d'ailleurs été obligé de s'adonner à une séance de dédicaces improvisée, tant la demande était importante, alors qu'il n'était pas prévu qu'il signe des autographes à ses admirateurs. Mais en dehors de cet événement, l'affluence aura été décevante tout au long du Salon, et ce, malgré la présence d'écrivains populaires à l'image de l'Américain Douglas Kennedy. Silence Gilles Keppel, professeur à Sciences Po Paris, et Henry Laurens, professeur d'histoire au Collège de France, étaient tous deux présents pour un cycle de conférences sur le monde arabe. Considérés comme spécialistes de la question, ils ont eu l'occasion de traiter des sujets comme la perte de vitesse de la question palestinienne ou encore le rôle des réseaux sociaux dans les révolutions arabes. Toutefois, aucune conférence n'a fait l'objet de l'actuelle crise syrienne. Si Gilles Keppel a été tenu d'en parler en répondant à certaines des questions que les étudiants lui ont adressées lors de la tribune étudiante du samedi 8 novembre, le silence autour de la question montre bien le malaise qu'elle suscite au sein de la société libanaise. Par ailleurs, la seule représentante de la francophonie algérienne à Beyrouth, était Wassyla Tamzali, présente dans le cadre d'une conférence s'intitulant Droits des femmes, avancées et obstacles. Interrogée sur son absence au SILA, Wassyla Tamzali avoue «ne pas trop savoir». Et d'ajouter : «Mais ça ne me surprend pas. Je n'ai jamais été invitée au Salon international du livre d'Alger depuis qu'il existe. Pourtant, ce n'est pas faute de connaître les organisateurs.»