La chambre de l'agriculture de la wilaya de Tipaza a organisé deux journées techniques consacrées aux cultures maraîchères. Le fait marquant pour cette nouvelle manifestation initiée par la Chambre de l'agriculture est incontestablement la participation massive des agricultrices, venues des zones rurales lointaines des communes de Nador, Sidi Semiane, Hadjret Ennous, Menaceur, Aghbal, certes, encouragées par une présidente d'une association de la femme rurale qui ne ménage pas ses efforts pour impliquer la gent féminine dans le développement rural au côté des fellahs. La wilaya de Tipaza compte au total 11.000 ha de cultures maraîchères qui emploient 40.000 citoyens. " La valorisation de la production agricole ", tel était le thème de cette rencontre de deux jours. Les communications animées par des experts étaient intéressantes et de surcroît avaient suscité beaucoup de questions lors des débats. Les fellahs de la wilaya de Tipaza sont venus exposer leurs produits au niveau du hall de la Chambre de l'agriculture pour démontrer l'amélioration de la qualité de leur production agricole. Aubergine, tomate, artichaut, poivron, concombre, salade verte, piment, choux fleur, haricot, ail, courgette, fève, oignon, petit-pois, pomme de terre, fleur, rose, fleur séchée étaient les différentes espèces achalandées dans cet espace des expositions. La préservation de l'environnement, en évitant l'utilisation abusive des produits chimiques ; comment augmenter la rentabilité à l'hectare ; le bon traitement des sols ; les techniques d'irrigation ; la maintenance du réseau d'irrigation au goutte-à-goutte, l'emballage adéquat des produits agricoles, voilà des sujets parmi tant d'autres qui avaient été abordés lors de cette rencontre. Le surplus de certains produits agricoles suscite des inquiétudes auprès des fellahs de la wilaya de Tipaza en raison de l'inexistence de centres de conditionnement. Les charges d'un hectare de culture sous serre sont estimées à 180 millions de centimes. D'ailleurs, les conclusions des travaux de l'atelier de réflexion sur la filière des cultures maraîchères constitué lors de cette rencontre avaient insisté sur la nécessité de la création des petits centres de conditionnement à proximité des zones rurales productives pour protéger les productions des cultures d'une part et d'autre part créer des emplois. Cette commission avait mis l'accent sur l'élaboration d'une carte de l'investissement dans le secteur de l'agroalimentaire à travers la wilaya de Tipaza afin d'absorber le surplus de la production. Il ne faut perdre de vue que d'autres exploitations vont entrer en production dès l'année 2007. Par conséquent, la prise en charge de ces quantités de fruits et de légumes s'impose dès à présent. M. Mouhouche Brahim, maître de conférences en irrigation et mise en valeur de l'eau, avait succédé au secrétaire général de la CAW de Tipaza qui avait animé sa conférence sur la mise en valeur de la production agricole. L'orateur avait abordé le sujet relatif aux méthodes qui rendent l'efficience de l'irrigation élevée, permettant ainsi une valorisation du mètre cube d'eau. L'utilisation rationnelle de l'eau, y compris l'eau de pluie ; adaptation des cultures selon les périodes pluvieuses pour compléter les périodes du manque d'eau ; la quête de connaissance des besoins en eau des sols et des cultures par les fellahs ; l'intérêt d'irriguer ce qui valorise l'eau ; autant de questions posées par le conférencier à l'assistance pour faire prendre conscience aux agriculteurs que l'Algérie souffre du déficit en eau, car l'avenir dépend d'une gestion efficace et rentable de ce liquide précieux. Il avait affirmé que l'eau n'est pas vendue à sa véritable valeur en Algérie, en dépit de la petite correction en matière de prix enregistrée ces derniers mois. Dans notre pays, 1 m3 d'eau d'irrigation produit 2k de pomme de terre et jusqu'à 3 kg de tomate. Pour une quantité similaire à l'étranger, on produit 10 kg de pomme de terre et jusqu'à 12 kg de tomate. La Banque mondiale et le PNUD considèrent que celui qui consomme moins de 1700 m3 d'eau par an est en danger, alors que celui qui utilise moins de 1000 m3 se trouve dans le danger. Selon les mêmes statistiques, chaque Algérien bénéficie de 470 m3 d'eau par an. Or la moyenne mondiale se situe à 6700 m3 par habitant et par an. Il suffit de faire les calculs pour localiser à quel niveau se classe l'Algérien. En Algérie, un m3 d'eau d'irrigation produit 500 g de blé. C'est plus économique et rentable d'irriguer de la pastèque ou de la tomate avec la même quantité d'eau. Selon notre interlocuteur, compte tenu de tous ces facteurs, il est utile pour l'Algérie d'importer du blé à 100$ le quintal que de le produire localement, car le blé consomme 5000 fois plus de son poids donc une quantité très importante en eau au Sud. En Europe, ce même blé ne consomme que 500 jusqu'à 800 fois son poids. Il est donc préférable de valoriser cette eau dans d'autres cultures au sud du pays. Les agriculteurs affichaient leur satisfaction lors de la clôture de cette rencontre instructive. Les conférenciers avaient utilisé un langage accessible pour les sensibiliser sur les mises en valeur des productions agricoles et de l'irrigation en eau. Il est prévu une autre rencontre qui regroupera les agriculteurs d'une autre filière dans les prochaines semaines.