La traversée de la danse contemporaine à Cuba a été au centre d'une conférence, animée par la danseuse de ballerine et chorégraphe cubaine Cardenas Prieto Rosario, hier, au niveau de la bibliothèque du Palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba. Entrant dans le cadre de la tenue de la cinquième édition du Festival culturel international de la danse contemporaine, cette conférence a permis d'avoir un aperçu de la danse contemporaine à Cuba. Avant de parler de sa propre expérience, la chorégraphe cubaine, Prieto Rosario, a tenu à revenir sur le parcours de Ramiro Guerra, considéré comme un chercheur en danse de renom. Ancien membre de la troupe de Martha Graham à New York, il s'est inspiré du théâtre moderne américain, de styles de danses afro-caribéennes et de ballets classiques européens pour créer un répertoire typiquement cubain. Il a notamment publié en 1969 «Appreciation of Dance», en 1989 «Theatricalization of Folklore and Other Essays», et en 1998 «Dancing Caliban». A la fois avocat, essayiste, chercheur, danseur et critique, Ramiro Guerra a commencé à travailler dès 1953 avec des danseurs de la rue. Il s'est plu à prendre des éléments du folklore pour leur donner une organisation esthétique. «La danse cubaine chez Ramiro, explique Cardenas Prieto, est érigée sur la nécessité de créer une danse naturelle enracinée dans sa culture propre, à partir de la théâtralisation du folklore et dans la recherche d'un nouveau reflet de ce qui est autochtone». La pièce Yorubo, créée en 1960, en est la preuve patente. La première école de danse cubaine a été créée en 1975. Quant à la première compagnie indépendante, elle a été montée en 1988. Actuellement, il existe à Cuba trois compagnies de danse dont le ballet national et le ballet folklorique. Riche d'une expérience de 43 ans dans l'univers de la danse, la conférencière indique qu'elle a essayé d'introduire dans son travail des schémas corporels axés sur le tonus musculaire, sur l'équilibre et sur la structuration espace-temps. La posture est également importante. Tous les danseurs qui arrivent dans sa compagnie viennent non seulement de l'Ecole nationale de danse, mais détiennent également une haute tension musculaire. Cardenas Prieto souligne qu'elle a éprouvé le besoin de travailler sur le corps différemment et d'orienter sa recherche vers l'équilibre psychosomatique. «Il s'agit de préparer le corps. Mon travail se structure donc sur la base de la conception holistique, qui à mon avis est indispensable pour mieux connaître le corps du danseur et de faire évoluer ses propres besoins personnels», argumente-t-elle. La conscience de la posture et l'alignement sont la base de la connaissance du corps et du mouvement. Selon cette spécialiste, avoir conscience de notre tonus musculaire peut nous aider à éliminer ou prévenir toutes les tensions qui sont déclenchées par notre relation au monde et à notre activité inconsciente.