En l'espace d'un mois, le GSPC a perdu une quinzaine de ses « chefs » de phalange et de section, notamment dans la région de la Kabylie, a-t-on appris de source sécuritaire. La plus importante de ces pertes reste incontestablement celle du sinistre émir de la phalange Al Ansar, connu sous le pseudonyme de Selmane et dont le vrai nom est Abbas Boubekeur. Ce terroriste notoire cumule plus de 13 ans d'activité criminelle et a la réputation d'être à la tête de la phalange la plus riche de l'organisation, mais également la plus pourvue en effectifs. Il a à son actif une bonne partie des kidnappings suivis de demandes de rançon, dont celui du patron du groupe Haddad, mais aussi des opérations de racket des commerçants et des agriculteurs, ainsi que la collecte de « l'impôt islamique » imposé par le GSPC dans toute la région de Boumerdès et la périphérie de Tizi Ouzou. La neutralisation de Selmane a eu lieu dimanche dernier entre les forêts de Azzazga et Yakourène, en Kabylie, à l'issue d'une embuscade tendue par les forces de sécurité. Les quatre terroristes qui l'accompagnaient ont, malheureusement, réussi à prendre la fuite. Selmane était considéré comme étant un des plus proches et confidents de Saâdaoui, émir de la zone 2 pour le GSPC. C'est grâce à ce dernier qu'il a été placé à la tête de la phalange Al Ansar, après l'élimination par les forces de sécurité de son émir, le nommé Harbouchi, il y a près de deux ans. La neutralisation de Selmane risque de provoquer une véritable « guerre pour la succession » à la tête d'une des phalanges les plus riches du GSPC. Elle pourrait également accentuer les dissidences entre les partisans de la repentance et les irréductibles qui, à l'image de Selmane, s'attachent à la poursuite du « djihad » jusqu'à l'instauration d'un « émirat islamique ». Moins de vingt-quatre heures avant l'élimination de Selmane, les forces de sécurité ont réussi à abattre un autre chef terroriste, très proche de Selmane, du nom de Boumis Redouane, émir de la seriat de Bouberak, à Mizrana, elle-même agissant sous la coupe de la phalange Al Ansar, alors qu'il tentait de prendre la fuite de sa maison située à Dellys, où il est venu soigner sa blessure causée lors d'un accrochage avec les services de sécurité. L'opération a permis la récupération d'une kalachnikov, arme avec laquelle cet émir circulait. Agé de 32 ans, celui-ci avait rejoint les maquis dès 1994 et avait à son actif de nombreuses opérations terroristes dans la région de Dellys, Mizrana et Bouberak. En plus de ces deux chefs du GSPC, l'organisation a perdu plusieurs de ses « hommes » des plus actifs à l'est du pays, il y a deux semaines. D'abord, le chef de la zone 6 qui englobe les monts des Babor jusqu'à Skikda, connu sous le pseudonyme de Abou Omeir et dont le vrai nom est Houari Youcef. Son élimination a eu lieu lors d'une importante opération militaire lancée par les troupes de l'ANP contre le maquis de la katibat Errahmane, à Jijel. Cette offensive a permis la neutralisation d'un des plus anciens muftis (exégètes) du GSPC, le nommé Makhlouf Ammar, ancien gendarme, plus connu sous le sobriquet de Abou Al Barrâa. En bref, selon des sources sécuritaires, au moins une quinzaine de chefs du GSPC ont été abattus par les forces de sécurité, alors que même minimes les redditions ont provoqué un climat de suspicion et de crainte au sein de l'organisation que dirige actuellement Droudkel. Il est probable, ont affirmé nos interlocuteurs, que ces sérieux coups puissent pousser ce dernier à changer de stratégie, en multipliant les actions criminelles. Pour d'abord rassurer ses troupes de la « bonne santé » du GSPC, mais également prouver que ses capacités de nuisance sur le terrain. Une étape que les spécialistes craignent et qui nécessite une grande vigilance.