Le gouvernement Ouyahia devra « revoir ses priorités, car il y a paradoxe : l'Algérie est riche, son peuple est pauvre ». Aboudjerra Soltani, président du MSP, ne s'arrête pas à cette phrase. Il poursuit : « Le pouvoir d'achat des Algériens est toujours faible. La rentrée sociale s'annonce des plus difficiles. L'université sera confrontée à d'énormes problèmes liés à l'insuffisance irrémédiable des infrastructures d'accueil et au déficit grave en encadrement... » La litanie encore plus longue, M. Soltani a dû surprendre, par ses propos, nombre de journalistes présents à la conférence de presse qu'il a tenue jeudi 5 juillet au siège national du parti à Alger. Propos qui ne « collent » pas tout à fait avec la ligne de conduite d'un parti figurant dans l'Alliance présidentielle et, par ricochet, membre du gouvernement. Cela pourtant ne l'a pas empêché d'aller plus loin, en se demandant où sont passés les 7 milliards du plan de la relance économique. Il a même jeté un regard critique sur les résultats de ce plan qui, selon lui, n'ont pas été ressentis par l'Algérie d'en bas. « Je ne sais pas ce qu'on fait avec cet argent, mais ce qui en découle est en deçà des objectifs assignés ». Pour lui, les projets choisis ne sont pas « matures ». « On ne peut pas considérer la réfection d'un trottoir défoncé ou le revêtement d'une route comme des projets à intégrer dans la relance économique », a-t-il dit, critiquant ainsi les architectes de ce plan. C'est d'ailleurs sur cette base qu'il dira ensuite que « l'Etat a été ferme concernant les réserves de changes pour la simple raison qu'on ne veut pas financer n'importe quoi. Il faut des projets à même de créer des richesses au pays et non pas du rafistolage ou bricolage ». L'orateur a-t-il oublié le soutien qu'a apporté son parti au président Bouteflika qui a fait des fruits de cette relance le générique de sa campagne électorale en avril dernier ? En dépit de ces déclarations, le cheikh souligne que le MSP reste toujours fidèle à ses engagements vis-à-vis des deux autres formations, le RND et le FLN en l'occurrence. Le numéro un du MSP a écarté par là « toute divergence au sein de l'Alliance présidentielle ». Il soutient que le parti, tout en respectant les clauses du pacte de cette alliance, garde toujours « ses spécificités et ses fondements ». Spécificités qui font que « le parti pourrait avoir des opinions autres que celles de ses alliés », précisera-t-il, ajoutant que « faire partie d'une alliance politique ne veut pas dire nécessairement fusionner ». Il évoque au passage que son mouvement « s'attelle à la diversification de ses activités afin de créer une dynamique, sur la scène nationale, qui soit au service de la société et de son développement, car l'inertie est synonyme de sclérose pour la démocratie », plaidant pour que le jeu politique ne soit pas fermé, et que les autres formations, en dehors de l'Alliance, activent davantage pour maintenir les équilibres politiques. Au passage, il évoquera « la bonne gouvernance », qui était le thème « clé » de l'université d'été de sa formation, close mercredi dernier à Boumerdès, à laquelle ont pris part 1800 militants et 200 invités. Sur la question de l'amendement du code de la famille, le cheikh Soltani, fait deux reproches, l'un concernant le tutorat pour la femme, l'autre relatif à la polygamie. Pour lui, le mariage de la femme sans tuteur est « abusif » et « la subordination du remariage de l'homme à des conditions signifie sa mise sous tutelle du juge ». « Cette question n'existe ni dans la législation nationale ni dans la réalité des faits, car les traditions de la société algérienne imposent la présence du tuteur même pour l'homme devant effectuer la demande en mariage », a-t-il noté, insistant sur « le respect des us et coutumes en vigueur dans la société ».