Il y a des paradoxes qu'on a bien du mal à saisir. Prenons donc la position des islamistes du MSP à l'égard de l'initiative des “dix”. Lorsque des membres influents de ce parti donnent leur accord en paraphant la déclaration, quoique sous réserve, des voix officielles du MSP prennent immédiatement le relais pour s'en démarquer sans réserve quant à eux. Aboudjerra Soltani, successeur de Nahnah, désavoue ouvertement les signataires qui réclament, entre autres garanties, le départ du gouvernement Ouyahia. Il n'est pas question, estime-t-il, que cet Exécutif soit dessaisi de “ses prérogatives” qui consistent, notamment, à organiser cette élection présidentielle. Normal : là, le MSP défend ses portefeuilles au gouvernement, quelques sièges au Parlement et une poignée de strapontins au Sénat, généreusement octroyés par Bouteflika. On avait conclu logiquement que le MSP venait de lâcher les “dix”. Il réserve dès lors, son soutien au président-candidat. On ne crache pas dans la soupe, dit-on. La messe était-elle dite ? Eh bien non ! Hier, deux membres de la direction de ce parti donnent leur onction à la nouvelle déclaration du front contre la fraude. Là se pose le problème. Quelle est la véritable position de ce parti islamiste ? Est-il pour ou contre la démarche des “dix” ? Réponse : fidèles à leur stratégie de l'entrisme, les responsables du MSP jouent la politique des deux fers au feu. Un pied dans l'opposition et l'autre dans le pouvoir. Les animateurs du front contre la fraude l'ont sans doute eux-mêmes compris. F. A.