L'alliance présidentielle connaît-elle des divergences de fond au sein de son état-major ? C'est ce qu'on est tenté de croire au regard des déclarations faites, jeudi dernier, par le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abou Djerra Soltani lors d'une conférence de presse animée au siège du parti. “En politique, nous refusons la mainmise d'une partie ou de deux sur les donnes économiques du pays”, a lancé Soltani sur un ton de reproche en direction de ses deux partenaires de l'alliance présidentielle, le RND et le FLN en l'occurrence. Le responsable de la formation islamiste, membre de la coalition gouvernementale, ne s'arrête pas là. Il s'interroge même sur le sort réservé à l'argent destiné à la relance économique : “Où sont passés les sept milliards du plan de la relance?” a-t-il demandé avant d'aller dans la précision : “Je ne sais pas ce qu'on fait avec cet argent, mais ce qui en découle est en deçà des objectifs assignés.” “On ne peut pas considérer, ajoutera-t-il, la réfection d'un trottoir défoncé ou le revêtement d'une route comme des projets à intégrer dans la relance économique”. Sur sa lancée, le leader islamiste exigera du gouvernement Ouyahia de “revoir ses priorités en matière économique”. Faisant même dans le populisme, Soltani dira qu'“il y a un paradoxe, en ce sens que l'Algérie est un pays riche et son peuple est pauvre. Le pouvoir d'achat des Algériens est toujours faible. La rentrée sociale s'annonce des plus difficiles. L'université sera confrontée à d'énormes problèmes liés à l'insuffisance irrémédiable des structures d'accueil et au déficit grave en encadrement”. S'exprimant sur le code de la famille, Soltani s'est dit opposé à certaines dispositions d'amendements. Ces déclarations du chef du MSP n'ont pas laissé pantois des responsables du RND et du FLN, contactés hier. “La sortie médiatique de Soltani est politique et exprime un malaise quant à sa position de faiblesse au sein de l'alliance”, dira un responsable du FLN. Un autre responsable du RND expliquera que les déclarations de Soltani “ne sont pas dénuées d'arrière-pensées politiques et visent à renégocier une meilleure position au sein du gouvernement”. Censé appuyer la politique gouvernementale qui n'est autre que la consécration du programme du président Bouteflika qu'il soutient, le MSP épouse contre toute attente une attitude contraire. Même sans préjuger des suites de cette crise au sein de l'alliance, il n'en demeure pas moins qu'elle exprime les profondes dissensions existant entre ses membres quant à leurs visions politiques. Quoi qu'il en soit, un sommet de l'alliance est prévu à la mi-août où les explications ne manqueront pas d'êtres houleuses. N. M.