Il est un grand arbre, dans la forêt amazonienne, qui ne doit sa survie qu'à l'amour que peut se porter un couple d'abeilles. Cet arbre est en voie d'extinction parce que l'abeille n'aime plus son faux-bourdon. Pour comprendre, il faut revenir à la genèse de l'arbre d'Amazonie. La région est connue pour sa dense végétation. Fournie, la forêt rivalise en espèces végétales et animales. L'espace se réduisant quelque peu à chaque nouvelle déforestation, l'Amazonie conserve cependant une allure impénétrable et fouillis. Les rayons du soleil, aussi puissants soient-ils, ne peuvent braver l'épaisseur du feuillage. Le vent, pourtant habile et diplomate, s'éteint une fois pénétré dans l'enceinte du sanctuaire. L'Amazonie accueille les visites éoliennes comme des ingérences et refoule la lumière du jour comme on crache sur un inquisiteur. La vie en Amazonie est un miracle, s'apparentant du coup au mirage d'un désert ou à un conte. L'équilibre de la vie est si fragile et sa biodiversité si complexe que le plus petit des insectes a son importance. La densité de la grande forêt rend inefficace la pollinisation par le vent, de ce fait, la plupart des plantes sont indépendantes des oiseaux, des chauves-souris ou des insectes. Et donc des abeilles. Or, dans la forêt amazonienne, il est une orchidée, fort belle, en voie d'extinction. Et c'est dommageable pour notre arbre. En effet, sa survie dépend de la pollinisation des abeilles. Sauf que l'abeille refuse tout contact avec son faux-bourdon s'il ne vient pas à elle, drapé d'odeur de la fameuse orchidée. Dure réalité pour le faux-bourdon et triste fin pour le plus grand arbre d'Amazonie.