Zidane est rentré chez lui, Soltani n'a pas démissionné, Sellal a retrouvé le sourire et le prix du mouton est remonté à la faveur des pluies, contribuant à ruiner un peu plus les familles pour la fin de l'année. Tout rentre donc dans l'ordre à l'orée de l'année 2007, et même les autorités sécuritaires ont décidé de raser la forêt de Bouchaoui pour effacer l'attentat commis la semaine dernière aux portes du régime. Bien sûr, les terroristes sont déjà partis, commettre d'autres actes terroristes dans d'autres forêts, celles qui restent encore debout. A terme, si le terrorisme s'étend, il n'y aura donc plus d'arbres. La boucle sera ainsi bouclée : le GSPC tue les étrangers qui activent dans le pétrole, les autorités coupent les arbres, le désert s'étend, ce qui permet aux étrangers de forer là où il y avait des forêts pour tenter de trouver encore du pétrole. Evidemment, un pays entièrement désert, constitué de champs de pétrole et tacheté de puits d'hydrocarbures, constitue un idéal républicain en même temps qu'un modèle de société rêvé. D'abord, il est plus facile à surveiller puisqu'il n'y a rien, et ensuite infiniment plus rentable qu'une forêt de champignons ou une cité de vaches laitières. L'invention du désert couplée à l'exportation de bois et à la surveillance aérienne constitue peut-être la solution à tous les problèmes. En plus de ceux du foncier puisque le cadastre n'aime pas les déserts et tous ceux liés à la corruption puisque dans le sable, il n'y a rien à détourner. D'ailleurs, hasard du calendrier, au même moment, une conférence internationale sur la lutte contre la désertification s'ouvre à Alger pour clôturer l'année internationale 2006 des déserts et de la désertification. Comme le faisait remarquer un ami philosophe de formation et chauve par dégradation, il est faux de croire que l'Algérien est le fils du désert. Il en est le père.