Après la piètre participation algérienne aux jeux Olympiques d'Athènes, Abdelaziz Ziari, ministre de la Jeunesse et des Sports, tente d'apporter, dans cet entretien, des éléments de réponse aux questions que beaucoup d'Algériens se posent aujourd'hui. Quelle appréciation faites-vous de la participation algérienne aux jeux Olympiques d'Athènes ? Les résultats parlent d'eux-mêmes. Cependant, le fait de ne pas voir des athlètes algériens sur le podium ne doit pas pour autant constituer une source de relâchement. J'estime qu'il faut leur rendre un hommage et saluer leur participation honorable à ces jeux, surtout quand on sait que c'est loin d'être facile, même pour certaines grandes nations, d'arriver aux finales des différentes compétitions. Là, je tiens toutefois à déclarer que je comprends parfaitement la déception du grand public, particulièrement des professionnels sportifs algériens suite à ces résultats. Mais le sport reste un domaine où c'est le meilleur qui gagne des médailles. Quelles seraient les mesures à prendre suite aux résultats obtenus à ces jeux, alors que certaines fédérations se sont plaint du manque de moyens ? C'est dans la sérénité qu'on doit faire une évaluation de notre participation aux jeux Olympiques. C'est un travail scientifique et méthodologique qu'on fera avec les athlètes, les encadreurs et tous ceux qui sont concernés par cette démarche. Il s'agit de savoir si c'est un problème de changement de génération, donc de relève. Ou bien un problème technique qui n'est ni matériel ni financier. Ou bien s'il s'agit de facteurs personnels ou autres. Donc, sur la base d'éléments objectifs, nous allons tirer les leçons pour l'avenir. Par exemple, concentrer nos moyens sur certaines disciplines comme l'athlétisme, la natation ou le judo. Il faut également chercher à savoir pourquoi ce recul dans les sports collectifs comme le handball où nous arrivions à tenir tête à des équipes des grandes nations. Est-ce un problème lié à la nature des stages, à l'organisation ou à l'encadrement ? Pour ce qui est des fédérations qui se plaignent, je préfère passer sur le détail du nombre de compétitions engagées, celui des sorties à l'étranger ou de tout l'argent dépensé. Combien a coûté à l'Etat la présence de nos sportifs à ces jeux ? Je n'ai aucun chiffre à fournir à ce sujet et ce, pour une simple raison : c'est le Comité international olympique (CIO) qui prend en charge la participation des athlètes des différents pays présents à ces jeux. Les règles universelles sont assez connues par rapport à ce sujet. Les moyens de l'Etat ont été mis à la disposition des participants algériens pour mieux se préparer à cette compétition. Quand certaines fédérations disent qu'elles manquent de moyens, je les renvoie tout simplement aux déclarations des athlètes. A ma connaissance, aucun athlète ne s'est plaint, jusqu'ici, de ce problème. Au contraire, et simplement à titre d'exemple, un boxeur a même avoué qu'il a suivi une bonne préparation, mais son adversaire était plus fort que lui. C'est vous dire que l'honnêteté doit prévaloir et que chacun assume ses responsabilités. D'ailleurs, il est désolant qu'à la veille du début de ces jeux, certains ont émis des critiques qui sont loin d'être sensées. Certains athlètes ont déclaré forfait, alors qu'ils avaient bénéficié, pour leur préparation, de bourses spéciales... Il faut savoir qu'on a assisté à un très haut niveau de compétition lors de ces jeux Olympiques. L'effort qu'on demande aux athlètes est considérable et les tensions qui pèsent sur eux ne sont pas minces. C'est pourquoi certains athlètes ont déclaré forfait sachant qu'ils ne pouvaient pas finalement atteindre le podium. Par fierté, ils ont agi ainsi et on ne peut pas vraiment les blâmer. Surtout que les écarts entre les athlètes se comptent, pour certaines disciplines, au dixième de seconde seulement. Les résultats qu'on compte à partir du podium ne reflètent pas vraiment le niveau de tous les concurrents dans une compétition donnée. En plus de cela, les athlètes qui ont déclaré forfait vont s'aligner dans d'autres rencontres internationales comme les jeux panarabes. Est-il normal qu'on parle de participation aux jeux Olympiques pour préparer les prochains jeux panarabes qui vont se dérouler le mois prochain à Alger ? Tout d'abord, je tiens à rappeler que les jeux panarabes devaient se dérouler initialement au mois de septembre 2003. Le report de ces jeux pour le mois de septembre prochain était dû au séisme du 21 mai 2003 qui avait endeuillé l'Algérie. Le fait de dire que nos athlètes participent aux jeux Olympiques pour se préparer aux jeux panarabes d'Alger est une simple question de calendrier. Je pense d'ailleurs que c'est une bonne chose puisque ça constitue une préparation sérieuse pour tenter de réaliser les meilleurs résultats possibles. A la lumière de ce qui précède, qu'apportera la loi sur la réforme de la pratique sportive adoptée récemment par le Parlement ? Cette loi trace le cadre définitif du monde sportif. Elle permet de situer les responsabilités et de mettre de l'ordre dans ce secteur. Des textes d'application vont bientôt voir le jour pour des questions prioritaires comme le statut des fédérations, le sport de haut niveau ou la participation du secteur privé. Le changement de la mission de l'Etat dans certains aspects du sport ne doit pas être interprété comme un désintérêt, mais comme un repositionnement qui permettra un meilleur suivi et un meilleur contrôle des dépenses en conformité avec les objectifs qu'on veut atteindre. Il ne faut pas faire dans la précipitation sachant que toutes les étapes transitoires sont délicates par les changements profonds qu'elles induisent. L'objectif est d'arriver à un sport de qualité et de niveau international.