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Pour une relecture de Joyce
Publié dans El Watan le 01 - 06 - 2006

Pour relire Joyce aujourd'hui nécessite un certain culot, avoir beaucoup de souffle et aimer la polyphonie des langues. Joyce n'a écrit que trois livres : Gens de Dublin, Ulysse et Fennegan's Wake.
Ces trois livres constituent trois voyages à travers la géographie, l'histoire, la métaphysique et les langues. Car cet Irlandais n'écrit pas en anglais comme on pourrait le croire, mais il utilise plusieurs langues mortes ou vivantes. Son œuvre est une suite d'enchevêtrement des sens et des essences - l'art culinaire joue un rôle important dans les romans joyciens, rappelant ainsi la filiation entre l'écrivain irlandais et Rabelais, par exemple. Autant Gens de Dublin est un livre de complexion narrative simple, autant Ulysse et Fennegan's Wake sont d'une complexité structurale qui ne fait aucune concession à la facilité. Ces deux livres sont deux fleuves impétueux et interminables avec des affluents innombrables, des flashs-back cinématographiques, des monologues internes et externes (Joyce appelait cette technique : marmonnement.) ; et une concentration de langages qui laisse transparaître une érudition phénoménale. Cette symphonie joycienne est une descente dans le moi et les mois profonds des protagonistes entrecoupés de silences et de logorrhées dont Bloom, le personnage principal d'Ulysse, est le prototype ; car toute l'œuvre se passe dans sa tête. Joyce a mis sept ans pour écrire Ulysse (1914-1921), dont les péripéties se déroulent en 24 heures. Bloom déambule dans la ville de Dublin et repasse et ressasse sa vie, son passé, son présent, ses échecs et ses ratages, avec un flegme et une ironie qui n'effacent pas la douleur d'être et la difficulté de survivre. Traversées de Dublin, de la vie médiocre de tout un chacun, de toutes les mythologies humaines que l'homme s'est inventées pour atténuer son malheur et faire semblant de vivre. Mais de partout sourd l'Histoire douloureuse de l'Irlande contemporaine toujours minée par ses guerres de religion ; et l'Histoire de l'Europe dévastée par une guerre mondiale parmi les plus atroces que l'humanité ait connues. Bloom est pacifiste et regarde l'horreur se déverser tant dans son propre corps que dans les villes de l'Europe éventrée par la cruauté humaine. Ulysse est donc une fuite. Mais une fuite consciente, et, quelque part, sardonique. Une fuite de la bêtise humaine. Une fuite sans retour. A l'inverse de celle d'Ulysse qui, elle, aura un retour triomphal se terminant langoureusement dans les bras de Pénélope. Ulysse est un roman du suicide réfléchi, stoïque et ironique. Mais un suicide où la mort n'intervient pas. Car pour Bloom, vivre c'est affronter sa propre mort d'une façon quotidienne et systématique. Une recherche de soi désabusée et vouée, d'avance, à l'échec. En fait, Ulysse, le roman de Joyce, est un contre-Ulysse de l'Odyssée. Une remise en cause de la vision platonicienne, une ouverture sur la modernité à venir, une façon de transcender le malheur tout en s'engloutissant dans le malheur. C'est en ce sens que l'œuvre Joyce est initiatique mais qui va droit dans le mur de la mort et du néant. Certes, certains passages sont jubilatoires, mais une jubilation feinte pour donner le change et profiter de tous les sens que possède l'homme. Car ce roman est imprégné de sensualité toute méditerranéenne. Joyce avait quitté l'Irlande très jeune et avait vécu longtemps à Trieste où il écrivit la plus grande partie de son œuvre. Mais si la thématique joycienne est une tentative de renversement du mythe ulyssien, elle est une tentative de renversement de la technique romanesque. La structure est une véritable révélation. Personne n'avait été aussi loin que lui dans la déconstruction du texte et dans l'art du camouflage. Voilà un exemple de roman politique où le politique n'apparaît jamais, tellement il est recouvert par l'Histoire, le mythe démythifié et les histoires ordinaires de gens ordinaires qui s'accumulent, l'air de rien et d'une façon dont la rigueur est phénoménale ; alors que le lecteur, tout le long des 1200 pages, a une impression de désordre, de chahut et d'anarchie. Fausse impression, car Joyce a inventé cette technique du désordre maîtrisé. Vrai reflet du monde et de l'être humain, dans son désarroi et devant l'effroi qu'il affronte quotidiennement, dès le réveil. Désarroi et effroi qu'il va faire semblant d'ignorer, pour ne pas s'arrêter de fonctionner, tel un robot à qui on a inculqué le sens du devoir, le devoir de vivre, de travailler et de faire semblant. Toujours ce faire-semblant joycien est là, envahissant et qui taraude constamment la mémoire non seulement de Bloom, mais de tous les êtres humains qui ont conscience de leur conscience. Ce n'est pas par hasard que Joyce commença à écrire son roman, Ulysse, au moment où débutait la Première Guerre mondiale...

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