Un débat houleux s'est installé, hier à l'hémicycle Zirout Youcef, à l'occasion de la présentation du projet de loi modifiant et complétant l'ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal. A l'ouverture de cette séance plénière, et après la présentation du projet par le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Tayeb Louh, la parole a été donnée à Boudebouz, élu d'El Islah, qui s'est élevé contre les dispositions de l'article 49 du projet qui ramène l'âge de la responsabilité pénal pour un enfant de 13 à 10 ans. Pour ce député, ces enfants, devenus des criminels, sont le fruit de l'école algérienne dirigée pendant 20 ans par le ministre, Boubekeur Benbouzid. Le député s'est dit surpris de voir, après tant d'échecs, des partis politiques appeler le président à briguer un quatrième mandat. «Ce sera, dans ce cas précis, la quatrième catastrophe. Jamais l'Algérie n'a enregistré un taux de criminalité aussi élevé que ces dernières années», lance le député. Le discours de cet élu n'a pas été du goût des députés de la majorité FLN et RND. Le député a été chahuté avant d'être rappeler à l'ordre par le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, qui l'a sommé de respecter l'ordre du jour. «Ce que vous dites est hors sujet», lui a-t-il lancé. Le député s'est défendu, accusant l'assemblée de recourir à la discrimination politique. Il s'en est suivi une cacophonie. L'autre sujet ayant focalisé l'attention reste la peine de mort. Des députés de différentes obédiences, à l'exception du FFS et du PT, ont fortement revendiqué l'application de la peine capitale à l'encontre des kidnappeurs et des violeurs d'enfants. Les adeptes de cette démarche ont axé leur plaidoirie sur l'article 293 bis. Celui-ci stipule que «quiconque par violences, menaces ou fraudes enlève ou tente d'enlever une personne est puni de la réclusion criminelle de 10 ans à 20 ans et d'une amende d'un à deux millions de dinars. Si la personne enlevée a été soumise à des tortures corporelles ou si l'enlèvement avait pour but le paiement d'une rançon, le coupable est puni de la réclusion criminelle à perpétuité». Pour le FFS, le maintien ou l'abolition de la peine capitale nécessitent un débat national. «Le dossier est complexe. Il faut cesser de manipuler les familles des victimes dans le seul objectif de faire passer des lois oppressives», ont expliqué les députés du FFS. Me Bouchachi pense que l'Etat algérien n'est pas sérieux et encore moins les députés auteurs de cette proposition, «nous avons voté pour le gel de la peine de mort. Il s'agit là d'un engagement envers la société et aujourd'hui avec ce projet on va vers l'élargissement de la peine de mort. Ceci est grave et ce n'est pas du tout sérieux pour un Etat», a déploré Me Bouchachi qui a rappelé que l'abrogation de la peine de mort est une revendication sociale. Le débat sur la peine de mort doit se faire dans le calme et la sérénité à la vue de la nature du régime politique algérien et la non indépendance de la justice. Le parti de Louiza Hanoune a abondé dans le même sens et plaidé pour la suppression de la peine de mort du code pénal. Cet avis n'est nullement partagé par les partis islamistes et les députés de la majorité.