Des acquéreurs de logements LSP ont pris le siège de la wilaya avec pour mot d'ordre de «le prendre en siège» et exiger des comptes sur «cinq années de promesses fallacieuses». «La loi ne protège pas les gogos qu'ils nous disent maintenant ! Mais les gogos, ce sont d'abord eux qui l'ont officiellement qualifié de promoteur et qui lui ont attribué un programme LSP ! Nous, nous lui avons fait confiance sur la base du fait que les services de l'administration publique ont traité avec lui. Alors, si nous sommes des gogos, les agents de l'Etat le sont les premiers ! Ce sont eux qui ont fait de nous les victimes d'un arnaqueur.» Ceux qui parlent ainsi, ce sont des souscripteurs au LSP grugés par un promoteur indélicat. Dans un même mouvement, ils ont pris la direction du siège de la wilaya avec pour mot d'ordre de «la prendre en siège» et exiger des comptes sur «cinq années de promesses fallacieuses». Aussitôt l'alerte donnée, des policiers avaient été dépêchés pour les attendre. Cela s'était passé au sortir du tribunal, ce jeudi 5 décembre. La colère était grande au prononcé du jugement par le tribunal. C'était la consternation pour les dizaines de plaignants qu'O. F., son père, son frère et sa secrétaire ont collégialement escroqués selon l'arrêt de la justice. En jeu, il n'y avait qu'un programme de 70 logements sis à Témouchent, réalisé à 85%, alors que 300 candidats avaient remis au promoteur qui la totalité, qui une partie de la souscription. Par ailleurs, le promoteur a déposé une liste de seulement 59 prétendants auprès de la Caisse nationale du logement (CNL) pour bénéficier de l'aide étatique à hauteur de 700 000 DA. Aspect positif, selon un des avocats, c'est le fait que la justice ait reconnu aux plaignants la qualité de victimes ainsi que leur droit à une compensation. Mais les victimes, tourmentées entre l'hébétude et l'envie de découdre avec la citadelle de l'administration, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils devront encore passer par les services d'un huissier de justice sans être certains que le promoteur soit solvable pour percevoir leur dû. Et, puis, certains qui ont versé la totalité du coût de «leur» logement ne veulent pas d'argent mais de «leur» logement : «Où est la justice ? Il n'a même pas été mis en prison alors que d'autres pour moins que cela vont au cachot !». Les cris et la fureur qui se sont déchaînés vont une nouvelle fois se reproduire, sachant qu'à Hassi El Ghella et El Amria, d'autres souscripteurs ont fait les frais de promoteurs qui n'ont pas honoré leurs engagements. Du côté de la DLEP, on relativise ces abus de confiance dans la réalisation du programme LSP étalé entre 2005 et 2009. On indique ainsi que 7 010 unités accordées à la wilaya, 6 053 ont été livrées alors que sur 957 en cours d'achèvement, 20% d'entre eux sont l'objet d'un litige entre souscripteurs et promoteurs. Le ministère de l'Habitat s'est penché sur la situation mais, hormis, le fait qu'il a modifié les règles du jeu pour éviter qu'il y ait d'autres arnaque, il n'a pas encore arrêté de mesure pour soulager les victimes malgré de multiples réunions de travail consacrées à la question.