L'accord conclu le 24 novembre à Genève entre l'Iran et les grandes puissances, qui limite à six mois les activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée partielle des sanctions économiques internationales, suscite l'inquiétude des monarchies sunnites du Golfe, qui considèrent l'Iran chiite comme une menace sérieuse pour leur sécurité. Celles-ci redoutent après cela que Washington les prive de son parapluie sécuritaire à l'avenir ou, pire encore, que les Américains les lâchent au profit de Téhéran. Pour les rassurer, le chef du Pentagone, Chuck Hagel, a entrepris, hier, une tournée dans le Golfe au cours de laquelle il a insisté sur le fait que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de réduire leur présence militaire dans le Golfe malgré un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire. Cette déclaration a été faite à Bahreïn, pays qui abrite le commandement de la Ve flotte américaine. S'adressant à des marins sur le navire USS Ponce sur une base navale de Bahreïn, le secrétaire américain à la Défense a assuré, en outre, que l'armée américaine allait maintenir son rôle de premier plan dans la région. «Nous n'allons changer aucun de nos positionnements militaires dans cette région ou dans toute autre zone durant cette période de six mois. Nous conserverons les (...) mêmes exercices, le même partenariat, et porterons la même attention aux intérêts stratégiques qu'avant cette période», a indiqué le chef du Pentagone. M. Hagel, arrivé tard jeudi, doit participer au Dialogue de Manama, un forum annuel sur la sécurité régionale qui devait s'ouvrir hier soir à Manama. «Cette région est dangereuse (...) Elle est instable (...) mais le fait d'y avoir une présence américaine ferme pour aider et rassurer nos alliés est vraiment quelque chose de clé pour travailler dans cette très dangereuse instabilité», a-t-il insisté. «C'est l'occasion idéale, pour le secrétaire Hagel (...) d'avoir un dialogue solide (...) avec nos partenaires du Golfe pour dire clairement que les Etats-Unis ne vacillent pas dans leurs engagements (...) qui n'ont jamais été aussi forts», avait indiqué plus tôt un responsable de la Défense américaine, sous le couvert de l'anonymat. Lors de son vol vers Bahreïn, M. Hagel a discuté de l'Iran avec le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammad ben Zayed Al Nahayane, vice-commandant des forces armées des Emirats arabes unis, selon des responsables américains. Pendant cette conversation téléphonique, il a «souligné l'engagement des Etats-Unis à empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire» et qualifié l'accord du 24 novembre de «première, bonne étape». Il est à rappeler que nombre de pays occidentaux, Israël et les pays arabes du Golfe, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous le couvert de son programme nucléaire civil. Iran en point de mire Lors de sa visite, qui comprend une étape au Qatar, le chef du Pentagone doit rencontrer la famille régnante de Bahreïn, ainsi que le vice-ministre saoudien de la Défense et les ministres des Affaires étrangères d'Egypte et des Emirats arabes unis, selon des responsables. M. Hagel est le premier responsable américain de la Défense à se rendre en plus de deux ans à Bahreïn. Washington a en effet exprimé à maintes reprises ses inquiétudes sur la façon dont la monarchie sunnite réprime les manifestations menées par la majorité chiite du pays. Les monarchies sunnites du Golfe sont par ailleurs inquiètes de la réticence de Washington à intervenir contre le régime syrien, dont le principal allié régional est l'Iran.