« L'oasis nourrit le corps,le désert nourrit l'âme. » (Proverbe berbère) Quelque 20 000 jeunes recrues du services national avaient été mobilisées pour la mise en place du projet lancé par le gouvernement de Houari Boumediène en 1969 : le grandiloquent barrage vert. Long de 1200 km et de 20 km de large, la ceinture verte devait tenir en échec l'avancée du désert vers le nord de l'Algérie. Applaudi par l'Onu, le projet devait recouvrir une superficie de 3 millions d'hectares et intéresser les wilaya de Tebessa, Naâma, Khenchela, M'sila et Djelfa. Mais ce qui fut lors d'une passation de consigne en 1990 entre l'armée, qui avait alors en charge le projet et l'administration des forêts, que le programme s'est trouvé ralenti. Ajouté à un climat fort dangereux dispensé par un terrorisme aveugle et sanglant, le barrage vert n'a pas tenu le pari de constituer le monument naturel souhaité. Un second souffle est nécessaire et c'est par l'entremise du ministère de l'agriculture et du programme quinquennal 2005-2009 de relance économique, que le barrage vert renaît de ses cendres. Premier bilan : il s'agissait de créer un barrage de 3 millions d'hectares. Depuis que l'administration des forêts a pris en charge le projet, seulement 70 551 ha avaient été couverts. Il reste donc du pain sur la planche. Et ce pain semble d'autant plus complexe, qu'il est apparu évident, ces dernières années, qu'il ne s'agissait pas de planter des arbres pour planter des arbres. Le projet, bien que largement encadré par les services de l'armée, avait souffert de quelques lacunes d'ordre écologique. Avant tout, le barrage vert doit comprendre différentes variétés de plantes, d'arbres et d'arbustes. Jusqu'ici, ce sont les pins d'Alep qui avaient eu la faveur du barrage. D'autre part, il fallait penser à la vocation pastorale des terres que le barrage allait avoisiner. Djelfa, un des nombreux chantiers de la ceinture verte, s'est vu concurrencer par l'arrivée de plantation d'arbres sur des terres réservées à l'agriculture. L'un et l'autre ne devant pas se concurrencer, il s'agit de réfléchir au passage de la ceinture afin d'exploiter l'écosystème de la forêt sans mettre en danger d'autres écosystèmes. « Le barrage vert n'est pas seulement une protection écologique, il est aussi un vecteur par excellence au développement local. » L'un des pires ennemis connu des barrages verts est l'incendie de forêt. Déjà l'année dernière, on dénombrait environ 50 000 ha de forêts ravagées par les incendies. Et tout y passe, arbres fruitiers, céréales... Pour la seule période du 1er juin au 16 juillet, 1199 palmiers dattiers ont été brûlés lors d'un incendie. Conséquence directe sur l'environnement Autre ennemi recensé : « les brigands du bois ». Ces derniers n'hésitent pas à couper du bois pour l'utiliser dans le bâtiment et puis il y a le dépérissement du pin d'Alep. Quand il n' y a pas destruction du patrimoine forestier, le manque d'entretien aboutit également à la dégradation du lieu. Les activités associées aux lacunes enregistrées dans la lutte conte la désertification ont détruit la couverture végétale et accéléré le processus de désertification. L'agriculture intensive, l'utilisation irrationnelle de la steppe pour la production de céréales et la mauvaise gestion des ressources en eau sont autant de facteurs qui induisent l'urgence des actions à mener. Le barrage vert est une action parmi d'autres et si tant est qu'elle soit mené à terme. Lorsqu'il y a barrage vert, il est constaté une diminution de la vitesse du vent, induisant par ce fait une diminution du risque d'érosion des terres. La terre devient plus résistante. De même, le taux de réflexion de la lumière diminue et la concentration d'humidité dans l'air augmente grâce à la couverture végétale (qui réfléchit et qui transpire). Aussi, il a été enregistré pour le barrage vert de Xinjiang, en Chine, une amélioration de la vie des habitants de la steppe et des oasis. En effet, le micro-climat engendré par le barrage a amélioré les rendements agricoles, « le réseau forestier fournit aux habitants du bois d'énergie, des produits dérivés et du fourrage. La pauvreté a diminué grâce aux grandes plantations d'arbres fruitiers et à la récolte de graines et de fruits ».