Des tables rondes ont été organisées par le Haut Commissariat à l'amazighité autour du livre amazigh, en présence de nombreux éditeurs et auteurs. Les auteurs et éditeurs du livre amazigh se sont rencontrés hier et avant-hier à Bouira, lors des tables rondes organisées par le Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), à l'occasion du symposium sur l'édition amazighe, pour débattre des problèmes que rencontre le livre amazigh en matière d'édition et de distribution. Les participants à ces rencontres ont dressé, à l'unanimité, un sombre tableau. Pour l'éditeur Ramdane Achab, «la distribution du livre amazigh est très limitée. L'éditeur, dit-il, souffre du problème de recouvrement». Le même avis est partagé par plusieurs intervenants. «Le livre amazigh est le parent très pauvre dans le domaine de l'édition. Malgré les prix abordables des livres, on n'arrive même pas à vendre 1000 exemplaires. Cela reflète les problèmes que rencontre le livre amazigh», souligne Tarik Djerroud, écrivain et éditeur. Ce dernier a ajouté que l'Etat doit acheter des livres amazighs et la création des résidences d'écriture, ce qui encouragera à la fois les auteurs, éditeurs et le lecteur. Pour l'écrivain et éditeur, Brahim Tazaghart, «en dehors de deux éditeurs publics, et deux autres privés, les éditeurs algériens souffrent tous de l'absence d'un réseau national de distribution, car, à la base, notre pays ne dispose pas de chaînes de librairies en mesure de dynamiser l'industrie du livre». «A cet effet, je ne crois pas que le HCA soit en mesure de réfléchir et d'apporter des solutions à ce problème. La seule proposition concrète est de mettre sur pied une sorte d'association des éditeurs et, pour le faire, nous n'avons pas besoin de tutelle institutionnelle ou bureaucratique», a déclaré M. Tazaghart. Outre les contraintes liées à l'édition et la distribution, les intervenants ont soulevé le problème de l'absence de lectorat. Pour l'écrivain et journaliste Tahar Ouled Amar, si on lit peu ou pas les livres écrits en langue amazighe, c'est parce que «les enseignants de tamazight ne forment pas des lecteurs». Dans le même contexte, El Djouher Amhis, a souligné que le travail doit être fait en amont de l'école. «Quand il y aura le lectorat, l'édition fonctionnera très bien», dit-elle. «Il faut instaurer, ajoute-t-elle, une politique cohérente qui empêcherait les dysfonctionnements que l'on constate actuellement». Quant à Hocine Mezali, auteur et journaliste, la langue amazighe doit être enseignée dans tout le pays. «Il faut la sortir des ghettos qu'ils nous ont tracés. Tamazight doit être enseignée à Adrar, Oran, etc. On ne doit pas avoir honte de notre langue», a déclaré M. Mezali. Ainsi, les intervenants ont insisté sur le fait que la promotion de la langue et culture amazighes ne pourra se faire sans son officialisation. «Tant que tamazight n'est pas langue officielle, il sera illusoire de s'attendre à la levée des obstacles qui entravent son développement. Nous serons toujours dans l'improvisation et la diversion !», estime Brahim Tazaghart.