Le monde entier célébrera, aujourd'hui, la Journée internationale contre la corruption. Les gouvernements, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les médias et les citoyens unissent, à cette occasion, leurs efforts pour combattre ce crime et sensibiliser le public sur ce fléau et ses effets dévastateurs sur la société. Qu'en est-il de l'Algérie ? Le porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), Djilali Hadjadj, affiche un pessimisme total quant à l'absence de volonté politique de lutter contre ce phénomène. Il illustre ses propos par l'inertie des autorités qui ne font rien en cette journée : ni le ministère de la Justice ni l'organe national de prévention et de lutte contre la corruption n'ont prévu de célébrer cette journée. Pour lui, le pouvoir, non seulement ignore cette date, mais empêche la société civile de marquer de son empreinte cette journée. M. Hadjadj dénonce et déplore l'attitude des autorités qui refusent de délivrer des autorisations à des associations ayant exprimé leurs dispositions à organiser des activités publiques et des manifestations pour parler des méfaits de la corruption. Mais la société civile ne compte pas baisser les bras. Des militants d'associations et des syndicalistes tenteront, rassure le porte-parole de l'AACC, de marquer cette journée à leur manière, même si aucune autorisation ne leur a été accordée par les pouvoirs publics et aucun refus écrit ne leur a été signifié. «Il s'agit là d'une manifestation des Nations unies ; l'Office des Nations unies contre le crime et la drogue aux associations (Unodc), qui a rendu public un message adressé aux associations dont le slogan est ‘‘Zéro corruption -100% développement''», s'insurge M. Hadjadj. L'AACC lance un appel aux médias, aux associations et aux syndicats à l'effet de marquer cette journée dans les journaux et autres supports. «Toutes nos demandes aux pouvoirs publics pour célébrer cette journée sont restées sans suite, ce qui ne nous empêchera pas d'utiliser tous les moyens possibles pour marquer le coup. Ensemble, nous pourrions briser le silence que veut nous imposer le pouvoir qui ne fait rien», affirme M. Hadjadj qui s'interroge, en outre, sur le silence de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption et surtout celui du bureau du PNUD à Alger. «Tous les bureaux du PNUD dans le monde reçoivent des instructions de New York pour célébrer cette journée. Qu'est-ce qui empêche le bureau d'Alger de le faire ?», s'interroge Djilali Hadjadj. En onze années d'existence de cette célébration, dans la foulée de l'adoption en 2003 de la convention des Nations unies, le bureau du PNUD n'a jamais pris une seule initiative pour marquer cette journée alors que ses homologues des pays voisins n'ont jamais raté cette occasion. L'AACC se demande si le bureau du PNUD a, lui aussi, été interdit de célébration par les autorités algériennes, ou s'il préfère ne pas heurter ces dernières en ne faisant rien. «C'est honteux s'ils arrivent même à faire taire le bureau du PNUD», fulmine le leader de l'AACC.