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Règlement des conflits et opérations de maintien de la paix : L'Afrique veut avoir voix au chapitre
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Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2013

L'Afrique doit assurer pleinement, par elle-même, sa sécurité.» Cette déclaration de François Hollande à l'ouverture du Sommet de Paris sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s'est tenu jeudi et vendredi derniers, a sonné comme le début de la fin d'une époque.
Celle de la «France Afrique» en vertu de laquelle le continent noir était presque fatalement destiné à être le «pré carré» de l'ancienne puissance coloniale.
Cette formule à l'accent presque testamentaire du président français n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, puisque de retour chez eux en Afrique, beaucoup de dirigeants ont fait escale à Alger pour donner corps à cette revendication qui est d'abord la leur : donner à l'Afrique la voix qui lui revient au sein de l'ONU. C'est en tout cas la plaidoirie faite à l'unisson hier à l'ouverture du séminaire sur la paix et la sécurité en Afrique organisé par l'UA à Alger.
«Plus de 60% du travail du Conseil de sécurité de l'ONU concerne des conflits en Afrique (…) Ce pourcentage n'est en rien une fierté pour l'Afrique mais un fait douloureux (pour lequel) nous devons agir ensemble», assène, comme un cri du cœur, Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. «L'Afrique du XXIe siècle doit être maîtresse de son destin et cela doit être plus qu'un slogan», tonne encore la chef de la diplomatie du Rwanda, pour qui «une voix unique africaine au service des Africains s'impose à New York et cette unité doit résister à toute forme de pression». Auparavant, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamara, par ailleurs ancien commissaire à la paix et la sécurité au sein de l'UA, a clarifié les termes du débat et posé les jalons du combat des Africains. «Des milliards de dollars sont investis annuellement dans les tâches de maintien de la paix en Afrique, où se déroulent les deux tiers des missions de l'ONU», affirme-t-il, regrettant que cet argent ne soit pas orienté vers le développement du continent.
L'Afrique aux… Africains
Il faudrait, pour ce faire, changer l'équilibre des forces en présence au sein des Nations unies pour que l'Afrique puisse «défendre ses intérêts», suggère Ramtane Lamamra devant un aréopage de diplomates africains visiblement acquis et conquis.
A commencer par assurer une «meilleure coordination et cohésion» entre les Etats membres de l'Union africaine qui siègent au Conseil de sécurité de l'ONU pour que les questions africaines y soient mieux prises en charge.
Le Rwanda, déjà membre non permanent du Conseil de sécurité depuis une année, le Tchad et le Nigeria qui vont le rejoindre le 1er janvier prochain devraient donc accorder leurs violons pour servir de courroie de transmission entre l'ONU et l'UA.
Mieux encore, ils devront aider à la mise à niveau du Commissariat à la paix et la sécurité (CPS) de l'Union africaine à Addis Abeba avec celui des Nations unies à New York.
Tous les ministres des Affaires étrangères qui se sont succédé, hier, à la tribune ont souligné la «déconnexion», le «déphasage» et l'«incohérence» de l'agenda diplomatique du CPS de l'Union africaine avec celui de son homologue onusien.
Résultat : les pays africains et leur organisation subissent assez souvent des résolutions qui viennent de New York sur les opérations de maintien de la paix notamment.
Mme Louise Mushikiwabo, particulièrement percutante, a estimé qu'il est temps que l'Afrique «s'approprie» la résolution des conflits et ne les laisse pas aux «chefs de file», dans une allusion évidente aux anciennes puissances coloniales, la France et le Royaume-Uni.
Fluidifier l'axe New York-Addis-Abeba
Son collègue du Tchad, Moussa Fakir Mahmat, n'en pense pas moins. «Les problèmes de notre continent doivent être traités là où ils doivent être, c'est-à-dire au sein de l'Union africaine», déclare-t-il. Et d'ajouter : «Il y a nécessité que nous nous prenions en charge.» Le chef de la diplomatie du Tchad, au même titre que ses collègues, n'a pas tari d'éloges sur Ramtane Lamara, qu'il a qualifié de «gourou» de la paix et la sécurité en Afrique. Il a salué aussi le «leadership» de l'Algérie dans sa volonté de donner de «donner la voix» à l'Afrique à New York. «Madiba (Mandela, ndlr) ne s'est pas trompé en venant en Algérie», a-t-il lancé, félicitant l'Algérie d'avoir accueilli ce séminaire devant «accoucher» d'une feuille de route africaine pour un rôle plus visible sur son… sol.
Un objectif partagé également par MM. Abou Babacar Sengore, Evariste Karam Bizi et Godwin O Agawah, respectivement MAE de Gambie et gestionnaire de l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) et ambassadeur du Nigeria aux Affaires régionales et internationales.
En tout état de cause, les diplomates africains, qui sont isolés depuis hier jusqu'à demain en conclave au Sheraton, sont unanimes à souligner que le Commissariat à la paix et la sécurité de l'Union africaine doit être informé des projets de résolution de son homologue onusien avant que celles-ci ne passent en «bleu», c'est-à-dire en application. Les membres africains du Conseil de sécurité et les délégués de l'Union africaine sont ainsi invités à faire en sorte de «synchroniser» l'agenda onusien avec celui de l'Afrique pour fluidifier l'information et partant accélérer le processus de décision.


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