Rencontrées à la maison de jeunes Mohamed Bouras de Miliana, où un bureau provisoire est mis à leur disposition par son directeur, A. Kelkouli et Mme Brahimi, membres de l'Association nationale pour l'insertion scolaire et professionnelle des trisomiques (Anit) section locale, ont profité de notre présence sur les lieux pour déverser ce qu'elles avaient sur le cœur depuis longtemps. Tout d'abord, elles nous ont exprimé leur crainte de voir l'unique classe affectée par l'inspection académique au niveau de l'école primaire Sadek Trabelsi de Miliana (Bab El Gharbi) fermer ses portes à la quinzaine d'élèves qui la fréquentent pour leur permettre un tant soit peu de s'intégrer dans le système scolaire. Cependant, ajoutera notre interlocutrice, la présence de ces élèves dans cette école est constamment remise en cause et les menaces d'évacuation se multiplient, particulièrement ces derniers temps où des rumeurs circulent faisant allusion à une évacuation probable au centre psychopédagogique de Aïn Defla, dont l'ouverture est imminente. Si cela venait à se confirmer, ajoutera A. Kelkouli, secrétaire au sein de l'Anit et elle-même mère d'un enfant trisomique, on s'y opposerait car cette structure n'est pas faite pour accueillir cette catégorie de handicapés. En effet, poursuit notre interlocutrice, nos gosses auront à côtoyer des cas de personnes lourdement handicapées tandis que l'enfant trisomique jouit d'une sensibilité et d'une intelligence insoupçonnables qu'il suffit seulement de déceler. Ces mères battantes, mais au bord du découragement à cause, disent-elles, des obstacles qu'elles rencontrent depuis trois années d'activité de la part de certains responsables, mais aussi de la société. S'agissant, par exemple, d'aide, fera observer A. Kelkouli, les promesses du directeur de la direction de l'action sociale n'ont pas été concrétisées, ajoutant que c'est l'association qui paie les trois séances hebdomadaires de l'orthophoniste. Par ailleurs, les besoins en éducation spécifique sont énormes, de même que l'absence d'un encadrement administratif et de surveillants font que les élèves sont souvent livrés à eux-mêmes. Nos interlocutrices lancent également un appel pressant aux pouvoirs publics pour l'affectation de classes à l'intérieur des structures de la formation professionnelle pour permettre aux élèves adolescents d'acquérir un métier et assurer ainsi ainsi leur autonomie dans un monde hostile, où le trisomique est marginalisé. Ces mères nous rappelleront que le trisomique ne sait pas se défendre et rejette complètement toute forme de violence. A ce propos, elles ajouteront qu'il est du devoir des responsables de prendre en charge cette catégorie de citoyens qui, en dépit de leur handicap, apportent de la joie dans leurs familles par l'amour et la douceur qu'ils manifestement à l'égard de tous, accusant la société de vouloir les marginaliser en les considérant tantôt comme un fardeau pour leurs proches et tantôt comme un objet de spectacle. En conclusion, nos interlocutrices réitèrent leur appel pour l'affectation officielle de la classe et invitent toute personne intéressée à se rapprocher de son bureau. Au moment où nous célébrons la Journée mondiale de l'enfant, on ose espérer que ce cri de détresse sera entendu pour le bien-être des élèves trisomiques de la wilaya de Aïn Defla dont les besoins sont immenses.