Après quatre ans de professionnalisme, beaucoup commencent à douter de la viabilité d'un projet qui ne libère aucun signe encourageant pour l'avenir. La question qui brûle les lèvres est celle du titre de cet article. Au mieux, il fonce droit vers le mur et, au pire, il s'engouffre dans le néant. Le mieux serait d'arrêter les frais dans les meilleurs délais. Selon un ancien dirigeant, qui a présidé aux destinées d'une ASP à l'époque de la réforme sportive, «le professionnalisme est un projet mort-né. Il a été mal emboîté dès le départ. A priori, aucune précaution n'a été prise pour s'assurer qu'il sera viable». Le temps a donné raison à l'auteur de ces propos. Aujourd'hui, tous les clubs professionnels, plus exactement les sociétés sportives par actions (SSPA), crient famine et croulent sous les dettes. Les dirigeants tablent sur la générosité des pouvoirs publics pour maintenir (artificiellement) en vie des clubs qui ne produisent que du déficit. Jusqu'à quand le Trésor public supportera-t-il l'effort financier et surtout pour quel résultat ? Depuis l'instauration du professionnalisme, le ministère de la Jeunesse et des Sports a libéré 3,7 milliards de dinars en subventions au profit des 32 clubs pros. Durant la même période, les clubs pros ont englouti 10 milliards de dinars au seul chapitre des salaires des joueurs. La différence est énorme et témoigne de la voracité des gestionnaires et de leurs salariés. La grave lacune du projet du professionnalisme, tel qu'il a été conçu, réside dans l'absence d'une vraie étude de faisabilité et de viabilité du professionnalisme dans le contexte économique du pays. Tous les signaux étaient défavorables. Economiquement, le football professionnel ne bénéficie d'aucune base qui puisse lui permettre d'espérer des lendemains meilleurs. Trop de handicaps majeurs ont compromis le projet naissant. Faut-il maintenir le cap ou le changer ? Le premier et court bilan de l'expérience ne laisse planer aucun doute sur ce qu'il faut faire. Les sociétés sportives sont en faillite et il ne sert à rien d'injecter encore plus d'argent dans le circuit. Le Trésor public n'a pas vocation de maintenir en vie des entreprises en faillite. Le modèle de professionnalisme choisi a montré ses limites. La gestion des clubs pros échappe à toute logique économique. Des clubs endettés jusqu'au cou continuent de solliciter les aides et subventions des pouvoirs publics pour faire tourner une machine obsolète qui ne produit ni spectacle ni talents. Plus grave : elle échappe à tout contrôle sérieux. Le professionnalisme tel qu'il est appliqué et vécu en Algérie n'a aucun avenir. Au lieu de le porter à bout de bras et au prix d'un énorme effort financier, sans aucun retour, mieux vaudrait arrêter la farce. C'est le meilleur service que les pouvoirs publics rendraient au football algérien. Après, il faudra réorienter sérieusement la politique du football.