En dépit de la politique du pardon mise en action depuis près de deux mois, la lutte antiterroriste a été très fructive, apprend-on de sources sécuritaires. En l'espace de dix mois, 180 terroristes ont été neutralisés. Parmi ces derniers, plus d'une centaine ont été abattus et le reste se sont rendus aux forces de sécurité pour bénéficier des dispositions de la charte pour la paix. Les mêmes sources ont noté que l'importance des redditions ne se résument pas au nombre de terroristes repentis, mais au statut de ces derniers. « Le GSPC connaît une véritable hémorragie de son encadrement. La plus importante de ses pertes a été la repentance, il y a près de deux mois, de son chargé de l'information, un des plus proches collaborateurs de l'émir national. Ce responsable était chargé de diffuser les communiqués et servait de contact avec certains chefs de phalanges. Sa reddition a été un véritable coup pour l'organisation », a noté notre interlocuteur. D'autres responsables et pas des moindres, a-t-il ajouté, ont été abattus par les forces de sécurité lors de nombreuses opérations menées ces derniers mois, notamment à Tizi Ouzou et à Boumerdès. A titre d'exemple, l'élimination de l'émir de la phalange Al Ansar, « la plus riche et la plus pourvue en effectif, va provoquer une une guerre interne pour la succession à ce poste stratégique ». Pour notre source, les prochains mois seront décisifs pour le GSPC, non seulement en tant qu'organisation dite structurée et disciplinée, mais également pour son avenir sur le terrain et l'objectif qu'elle s'est assigné. « Nous sentons actuellement une sorte de situation de repli, marquée par de petites sorties sur le terrain uniquement pour montrer que l'organisation préserve ses capacités de frappes, qui sont, faut-il le préciser, beaucoup plus médiatiques. » Notre source a noté, par ailleurs, que cette situation de « stand-by » ne veut pas dire absence d'activités terroristes. Les opérations de racket et d'enlèvement suivies de demande de rançons sont quotidiennes. Des sommes colossales sont ainsi collectées régulièrement, notamment dans les régions de Boumerdès, de la Kabylie et de certaines localités de l'est du pays. « Nous ne savons pas où va cet argent. Néanmoins deux thèses peuvent être avancées : la première est que ces fonds vont servir à l'acquisition des armes et de la logistique. Ceux qui suivent de près la situation sécuritaire que les contrebandiers chez lesquels Belmokhtar s'approvisionne en armement exigent le paiement à l'avance pour toute transaction. Ce qui met le GSPC dans une situation délicate. Etant donné qu'il a perdu plusieurs de ses cargaisons, lors des offensives des services de sécurité, au sud du pays et à Batna, le GSPC préfère mettre beaucoup d'argent pour garantir la réalisation du convoyage de la marchandise, mais aussi lui assurer une meilleure sécurité tout au long du voyage des pays du Sahel, vers son quartier général cantonné dans la région de Kabylie. » La deuxième thèse, a expliqué notre source, est celle qui privilégie l'éventuelle reddition de certains chef du GSPC, à la fin de l'ultimatum prévu par les dispositions de la charte pour la paix. De nombreux terroristes sont en train, a-t-elle expliqué, d'amasser des fortunes colossales dans l'objectif de les investir, une fois qu'ils se seront rendus, à la veille de l'expiration du délai de repentance. « C'est une situation qui n'a pas été prise en compte par les dispositions de la loi. Est-ce que les crimes commis entre la mise en circonstances aggravantes ? Peut-on accorder le pardon à celui qui rejoint les maquis durant la période d'application de la charte ? Peut-on également accorder la grâce à celui qui multiplie les attentats terroristes durant cette période et décide subitement de se rendre à la veille de l'expiration du délai de reddition ? Des questions auxquelles la charte n'a pas apporté de réponses, d'autant que de nombreux élargis, c'est à dire ceux amnistiés et libérés des prisons, ont déjà rejoint les maquis. » Néanmoins, a-t-on indiqué, les efforts en matière de lutte contre le terrorisme sont toujours consentis et ont permis d'obtenir des résultats assez significatifs. Dans la région de Boumerdès, par exemple, les unités de l'ANP mènent depuis trois semaines une grande opération militaire dans les massifs forestiers surplombant la ville. De nombreuses caches, casemates et lieux de repli des terroristes ont été détruits et d'importantes quantités d'explosifs, de médicaments, de provisions alimentaires et de documents subversifs ont été récupérées. Pour l'instant, l'opération est toujours en cours et oblige les troupes de Droudkel, l'émir national du GSPC, à sortir de leur tanière. L'attentat à l'explosif, de mardi dernier à Boumerdès, a été organisé justement pour desserrer l'étau sur cette organisation et permettre à ceux qui sont piégés dans les tenailles des forces de sécurité de prendre la fuite.