L'Iran a dénoncé, hier, la décision des Etats-Unis d'étoffer sa liste noire des entités soupçonnées de contourner le programme de sanctions contre Téhéran, estimant qu'elle était «contraire à l'esprit de l'accord de Genève» sur le nucléaire iranien. «Le geste américain est contraire à l'esprit de l'accord de Genève» dans lequel les grandes puissances s'engagent à ne pas décréter de nouvelles sanctions contre l'Iran, a affirmé le négociateur iranien Abbas Araghchi, cité par Fars News Agency. «Nous examinons la situation et nous aurons une réaction appropriée», a-t-il ajouté, au lendemain de l'interruption à Vienne des négociations techniques sur l'application de l'accord. En application des sanctions existantes, les Etats-Unis ont annoncé jeudi avoir ajouté à leur liste noire une dizaine d'entreprises et d'individus, en majorité iraniens, soupçonnés de commercer illégalement avec l'Iran. Ces sociétés et dirigeants verront leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés, et toute société américaine ou faisant des affaires aux Etats-Unis a désormais interdiction de commercer avec eux. Selon l'agence Mehr, citant des sources informées, les négociations qui duraient depuis lundi entre l'équipe d'experts iraniens et les représentants des 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) ont été stoppées en raison des «nouvelles sanctions américaines» et «du manque d'implication des Américains dans l'accord» de Genève. Selon l'accord signé le 24 novembre à Genève, qui vise à donner des garanties à la communauté internationale de la nature purement pacifique du programme nucléaire de Téhéran, l'Iran doit limiter pendant six mois ses activités nucléaires en échange d'une levée partielle des sanctions occidentales. L'Union européenne et l'Administration américaine se sont également engagées à ne pas décréter de nouvelles sanctions liées au nucléaire. Sur un autre plan, une délégation officielle de députés européens a entamé hier une visite de quelques jours à Téhéran où elle aura des discussions avec plusieurs responsables politiques, selon les médias iraniens. La délégation de huit personnes, menée par l'écologiste finlandaise Tarja Cronberg, doit rester six jours et aura notamment des entretiens avec le président du Parlement Ali Larijani, et le chef de la commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement, Allaeddine Boroujerdi, a précisé l'agence officielle Irna. Cette visite débutera officiellement aujourd'hui, a indiqué pour sa part la radio-télévision Irib. Les eurodéputés doivent notamment rétablir des relations avec les parlementaires iraniens et aborder des questions liées aux droits de l'homme, selon l'écologiste belge Isabelle. Il y aura aussi des rencontres plus informelles avec des opposants et des militants des droits de l'homme, selon la même source. Une rencontre avec le cinéaste Jafar Panahi et l'avocate Nasrin Sotoudeh, lauréats 2012 du prix Sakharov décerné par le Parlement à des défenseurs des droits de l'homme, est également prévue.