Qui dit désert dit chaleur, sécheresse, évaporation rapide de l'eau. Pourtant, de l'eau il en faut, car le désert n'est pas dépourvu de population. Une population qui augmente et dont les besoins s'accroissent. Et il serait également plus juste de dire que le désert n'a pas échappé à la mondialisation et à l'économie marché. L'exemple est donné par certaines wilayas du sud du pays qui ont concrètement multiplié la superficie agricole de manière à accroître la production agricole de céréales pour l'exportation. Les céréales, encore plus qu'un légume ou un fruit, nécessitent un arrosage par jet d'eau. Or la méthode est loin d'être appropriée au climat désertique, puisque l'évaporation, dans le désert, est rapide. De ce fait, les agriculteurs du désert pompent encore davantage d'eau car de l'eau, il y en a. le désert sommeille sur un tapis d'eau mais ces nappes, nichées au cœur du sol, s'épuisent et ne se renouvellent pas. La pluviométrie de 50 mm par an ne permet pas aux nappes phréatiques de se régénérer. Une formule ancienne et certainement importée d'Iran faisait la joie des oasis, tout en respectant les lois de la nature : les foggaras. Ingénieux, économes en énergie, les foggaras ressourcent les oasis en eau. Longtemps abandonnée, la méthode revient en force, aidée pour cela par les organisations non gouvernementales. Les foggaras sont des galeries souterraines de collecte d'eau. Elles captent l'eau en profondeur jusqu'à la surface. Des canalisations souterraines presque horizontales conduisent l'eau de la nappe phréatique jusqu'à l'oasis, grâce à une légère inclinaison d'un ou deux millimètre(s) par mètre. La seule énergie exploitée étant donc la gravité. Et parce que l'eau est captée sous terre, il n'y a pas évaporation. Les foggaras sont construits avec de la pierre pour les parois des galeries, ajouté pour le maintien à un mélange paille et d'argile. Les foggaras mesurent 2,5 km en moyenne, et la seule exigence étant que l'oasis se trouve sur une vallée ou au pied d'une faille. Arrivée à l'oasis, l'eau sort dans un canal en plein air. C'est à l'aide d'un dispositif de pierres, sous forme de peigne, que l'eau est distribuée dans l'oasis. l'eau est ainsi drainée dans des canalisations qui se partagent dans les différents terrains ; La technique, vieille de 3000 ans, a été abandonnée au profit de puits profonds et engrais industriels. Le délaissement des connaissances traditionnelles est du fait que l'entretien des galeries est fatigant et dangereux. De nombreuses galeries peuvent s'effondrer. Mais à nouveau réhabilité dans certaines oasis comme à Adrar, les foggaras ou ghanat ou rhettaras (Maroc) permettent une irrigation de l'agriculture du sud. Un système écologique en harmonie avec l'aridité du climat désertique.