Enseignant en langue française au lycée Emir Abdelkader, à Alger, Redouane Osmane s'est surtout fait connaître l'année dernière lors du débrayage des enseignants qui a duré 3 mois. Secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA), il entend participer au débat autour de la Fonction publique. Même si son syndicat n'a toujours pas d'agrément. Comment comptez-vous participer au débat sur la Fonction publique puisque votre syndicat n'y a pas été convié ? Puisque nous ne pouvons pas nous adresser directement à nos gouvernants, nous passerons par l'opinion publique qui servira, en quelque sorte, d'intermédiaire. Nous sommes plus d'un million et demi de fonctionnaires toutes carrières confondues et nous avons le droit de discuter de notre avenir. L'administration centrale doit prendre conscience qu'elle ne peut se contenter d'un seul interlocuteur et que nous avons notre mot à dire. Jusqu'où iriez-vous pour vous faire entendre ? Entameriez-vous une autre grève ? Certainement pas. L'épisode de l'année dernière se situait dans un autre contexte. Nous engagerons dès la rentrée sociale des meetings, plusieurs assemblées générales, des rencontres multisectorielles. Il convient aujourd'hui d'informer le fonctionnaire et de le mobiliser pour la défense de ses droits. Pensez-vous que le débat se fait à huis clos ? D'une certaine manière oui. Les débats sont sclérosés, les informations peu claires et mal diffusées. Les choses ont l'air de se faire sans que les principaux concernés en soient avisés. L'ère du parti unique est définitivement révolue et il appartient à l'administration d'agir en ce sens. Craignez-vous trop d'assentiment de la part de l'UGTA et aspirez-vous à une « révolte » au sein de sa base ? Non, les agissements de l'UGTA à l'intérieur de la fédération ou avec le gouvernement m'importent peu. J'ai milité en son sein et y ai beaucoup appris. Mais la société aspire à une plus grande ouverture et liberté syndicales. Au gouvernement de s'entourer d'un maximum d'interlocuteurs représentatifs d'un courant de pensée afin d'élever le débat. Les discussions autour du statut de la Fonction publique ne doivent pas se vivre comme un rapport de force, mais amener la société à s'appuyer sur de solides bases et propres à répondre aux attentes des fonctionnaires et aux besoins du citoyen. Votre programme à venir ? Là, tout de suite ? Aller à la Maison de la presse pour défendre la liberté d'informer (allusion au meeting du comité de soutien à Ghoul et Benchicou, ndlr). La liberté syndicale n'est pas la seule victime des atteintes. La liberté d'informer est un acquis pour lequel il faut également se battre.