Comment les islamistes recrutent en France ? C'est l'objet d'une note récente des Renseignements généraux français (RG) qui ont décrit les méthodes d'enrôlement des islamistes. Intitulée Le processus de radicalisation dans la mouvance islamiste, la note, reprise par le quotidien Le Figaro dans son édition de vendredi dernier, indique que dans un pays comme la France, qui compte cinq millions de musulmans, « le nombre de radicaux, souvent jeunes, est estimé à près de 200 000 personnes ». Dans ce chiffre inquiétant, la mouvance la plus dangereuse, celle des salafistes, « regrouperait 5000 membres ». La note ajoute que les barbus recruteurs sont souvent plus âgés - une trentaine d'années en moyenne - que leur proie. Ils possèdent en général un niveau intellectuel et scientifique appréciable. Ils n'abordent jamais leur cible par un discours religieux, mais plutôt social. Difficultés de la vie oblige, ils cherchent à connaître les désirs et les centres d'intérêt des jeunes présentant un penchant pour l'Islam. Les banlieues où se concentrent la population maghrébine et d'Afrique noire sont les plus visées. Les RG s'inquiètent de « la radicalisation islamiste qui touche de plus en plus vite des personnes jeunes » et recommandent « la mise en place d'un système de détection précoce des plus virulents » dans ces localités. Le rapport cite deux grandes écoles de pensée qui s'adonnent à la réislamisation radicale : d'un côté, les piétistes du mouvement Tabligh d'origine indopakistanaise et installé en France depuis 1972. Ce mouvement possède des écoles religieuses dans de nombreux pays d'Europe et dans la zone Pakistan/Afghanistan. Le nombre de ses membres ne dépasserait pas les 10% des pratiquants. Et d'un autre côté, l'autre mouvance, ce sont les salafistes, branche radicale connue pour son exaltation pour le jihad. Apparue en France en 1997, au moment où le gouvernement français délivrait avec facilité des visas d'entrée aux terroristes algériens, cette mouvance ne serait pas, selon les RG, structurée, « mais constitue une véritable menace pour la république ». Le salafisme tend à se développer davantage grâce aux discours d'islamistes radicaux qui officient dans les mosquées. Le rapport des RG relève le rôle important que jouent désormais les femmes au sein des forums de discussion et d'échange islamiste. Les prisons sont aussi des lieux prisés par les islamistes. Le rapport des services français évalue à 173 le nombre de prosélytes recrutés pour une population carcérale de 60 000 détenus. 2000 d'entre eux sont jugés « dangereux ». Toutefois, conscients de l'étau qui se resserre sur eux dans les prisons, les islamistes semblent poursuivre un nouvel objectif : infester les établissements scolaires et les crèches islamistes non agréés par l'Etat. Par ailleurs, le rapport alerte sur une « recommandation » des docteurs de la foi salafiste selon laquelle « il n'est pas permis aux croyants d'abandonner ce qu'ils ont de plus cher (leur progéniture) à des enseignantes mécréantes ».