C'est un geste d'amitié après la visite du ministre de l'Intérieur Sarkozy. Comme rapporté dans notre édition du 3 janvier courant, les autorités algériennes auraient remis aux services de sécurité français la liste complète des islamistes libérés depuis mars, dans le cadre de la politique de réconciliation nationale. Le journal Le Figaro qui confirme l'information s'appuie sur les informations qu'il aurait eues de sources officielles françaises. Celles-ci soulignent qu'après une attente de huit mois, les services de renseignements algériens ont remis «un fichier contenant des éléments d'information directement utilisables» par leurs homologues de l'Hexagone. La DST (Direction de la surveillance du territoire), la Dgse (Direction de la sécurité extérieure) et les renseignements généraux RG, ont reçu une copie du document fin novembre. Il semble que la visite du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, effectuée en novembre à Alger, ait porté ses fruits en matière de coopération dans la lutte antiterroriste. Le quotidien ne manque pas de relever que ces précieuses informations remises par Alger constituent «un geste d'amitié» envers Paris. Un geste également après l'annonce par Sarkozy de l'allégement des procédures de visas pour les Algériens. Toujours est-il que l'aide d'Alger dans la lutte antiterroriste permettra aux services français d'agir efficacement contre d'éventuelles actions du Gspc en France. Dans une note du ministère français de l'Intérieur, datée du 1er septembre, le mouvement terroriste est qualifié de «l'une des menaces les plus lourdes qui pèsent actuellement sur la France, historiquement cible privilégiée des terroristes algériens». Le même document signalait que le Gspc avait appelé les islamistes amnistiés à rejoindre ses rangs. Les services français se méfient de ces amnistiés parmi lesquels figurent d'anciens éléments du GIA, auteur d'attentats contre des Français comme on s'en souvient, et de ceux du Gspc qui appellent régulièrement à frapper les intérêts français surtout depuis son ralliement à la nébuleuse terroriste Al Qaîda. Selon une source policière citée par Le Figaro, un membre présumé du Gspc libéré dans le cadre de la réconciliation nationale, a rejoint le maquis puis la France. Pays où il fonde un commerce et y épouse une Française. Mais il entre en contact direct avec un responsable du groupe terroriste, exilé au Royaume-Uni. Contact découvert par les ser-vices de sécurité qui l'expulsent immédiatement. D'autres expulsions pour activisme intégriste ont été opérées en 2006. Dans son bilan début janvier, l'unité de coordination de la lutte antiterroriste, Uclat, dépendant de la Direction de la police nationale fait état de l'expulsion de 17 activistes islamistes et l'interpellation de 140 personnes dont 17 mises en examen dans des dossiers liés à la mouvance terroriste. L'Uclat dans ses projections 2007, souligne la difficulté de détecter la nouvelle génération «de djihadistes plus jeunes, sans passé judiciaire et sans relations avec les institutionnels du terrorisme international» et parmi lesquels figurent de plus en plus de ressortissants français et des convertis. Les autorités françaises craignent que ce vivier ne soit une proie facile pour le Gspc qui a déclaré comme on le sait la France, pays ennemi. On se rappelle que dans une vidéo diffusée le 8 janvier dernier sur un site islamiste, Abou Moussab Abdelouadoud «émir» du Gspc a appelé les Algériens à s'en prendre aux Français et à leurs alliés. Il avait également prié Ben Laden de lui donner «les instructions et les recommandations pour la période à venir». La lutte que mènent les ser-vices de sécurité et l'ANP contre le Gspc en Algérie et les résultats positifs enregistrés ces dernières semaines conjugués à la coopération internationale, et notamment avec Paris, resserrent l'étau sur le groupe terroriste qui ne reçoit plus, selon les experts, aucune aide en armes, notamment de l'extérieur. Pourtant, c'est probablement un des facteurs qui fait craindre aux ser-vices français une action médiatique sur leur territoire ou contre des intérêts français à l'étranger. Comme l'avait déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la France prend très au sérieux la menace du Gspc et nul doute que les renseignements fournis par Alger sont les bienvenus.