Abdelmalek Gougam, actuellement directeur d'un CEM, est un ancien professeur d'EPS. Il a été également sélectionneur d'équipes scolaires, en football. Dans cet entretien, il fait un constat alarmant de la situation du sport scolaire en Algérie. Il n'y a plus, dit-il, de compétition inter-écoles, les mardis après-midi, comme ça se faisait auparavant. De plus, il évoque la nécessité d'affecter des enseignants d'éducation physique et sportive (EPS) dans les écoles primaires. - Quel constat faites-vous de la situation du sport scolaire aujourd'hui ?
Le sport scolaire est aujourd'hui malade de ses dirigeants. Si l'on commence déjà par la base, l'école primaire, les instituteurs ne sont pas spécialisés. Il n'y a pas de postes budgétaires dans le domaine. Il y a trop d‘incohérences. A titre illustratif, beaucoup d'écoles privées ont été dotées d'installations sportives, mais ces dernières ne sont pas utilisées faute d'enseignants. Il n'y a pas d'instituteurs de sport dans ce cycle. Une fois, il y a six ou sept ans, ils ont eu l'idée, suite à un partenariat entre le ministère de l'Education nationale et celui de la Jeunesse et des Sports, d'affecter des cadres dans des écoles primaires. Le problème qu'il y a eu, c'est que ces cadres-là estimaient qu'ils n'étaient pas sous les ordres du directeur de l'établissement. L'opération a été arrêtée.
- Mais dans les CEM et lycées, il y a des enseignants d'EPS ?
Maintenant, en ce qui est des CEM, il faut savoir qu'il y a un problème d'installations, mais aussi de conception des programmes. Par exemple, il n'y a plus de compétitions le mardi après-midi comme ça se faisait par le passé. La raison est liée, entre autres, à l'absence de ligues sportives, ceci d'un côté. De l'autre, autrefois, c'étaient les établissements scolaires qui fournissaient des athlètes aux clubs. Aujourd'hui, on participe à des tournois internationaux, avec des équipes mises sur pied par le «civil». Moi-même j'étais sélectionneur et je me suis classé second dans un championnat arabe de football. C'est le civil qui avait fait la sélection et non le contraire, comme ça doit se faire. En principe, l'enfant scolarisé est sélectionné depuis son établissement, et non d'un club. La démarche logique est qu'un athlète soit choisi lors d'un championnat scolaire. Actuellement, les sélectionneurs des équipes scolaires demandent aux clubs et ligues de leur fournir des athlètes parmi leurs éléments scolarisés.
- A votre avis, quelle est la démarche à suivre pour régler ces problèmes ?
Il faut avoir le courage de rendre le sport scolaire aux professeurs d'EPS. Le MJS met à la disposition de la Fédération ses cadres. Or, dans les compétitions, normalement c'est le professeur d'EPS qui sélectionne et qui y prend part, quitte à ce que l'équipe en question se classe dernière. L'essentiel est qu'il y est une pratique scolaire. Aujourd'hui, les enfants font des cours mardi après-midi et non du sport. De plus, les enseignants d'EPS n'ont pas été recyclés depuis longtemps. Toujours dans le cadre du retour du sport scolaire à l'EPS, il faut organiser des compétitions au sein même des établissements scolaires, et non dans les infrastructures destinées au sport d'élite. L'élève doit rester dans l'école et utiliser les installations existantes. Il y a des établissements qui ont une bonne infrastructure. C'est le cas de la direction de l'éducation d'Alger-Centre qui a doté les CEM et lycées de la région de bons terrains de sport. Maintenant, en ce qui est du primaire, il faut une enveloppe budgétaire pour les postes d'enseignants d'EPS. Le pays dispose des moyens financiers nécessaires. Le sport doit être entamé dès le primaire pour que l'enfant quand il arrive au palier supérieur, il aura déjà acquis une base. Donc, il faut qu'il y ait des enseignants d'EPS dans le primaire quitte à ce que ça sera un seul par établissement.