Le procès opposant le général à la retraite Mohamed Betchine aux trois éditeurs de journaux, El Watan, El Khabar et Liberté, respectivement Omar Belhouchet, Ali Djerri et Abrous Outoudert, a finalement eu lieu hier à la cour de Constantine. Avant les débats, Me Soudani Zoubeir, avocat de la défense, a soulevé la question de la prescription en vertu de l'article 124 de la loi du 12 janvier 2012, relative à l'information qui stipule que l'action publique est prescrite après six mois. S'agissant de question de procédure applicable au moment du procès, la plainte de Betchine est venue plus de 6 mois après la publication, donc l'action publique est prescrite. Le juge répondra que cela sera un point sur lequel la cour va statuer. A propos de la publication de cette lettre de Aboud Hichem, Omar Belhouchet dira : «Lors du 10e anniversaire des événements d'Octobre 1988, j'ai reçu une lettre, pas de n'importe qui, signée par Aboud Hichem, qui était, à l'époque de ces événements, le directeur de cabinet du général Mohamed Betchine. Il était de mon devoir de la publier, d'autant plus que durant ces événements, il y a eu plus de 600 morts et beaucoup de gens torturés, y compris des femmes.» A une question de l'avocat de la partie adverse pour savoir s'il a la preuve que Aboud Hichem était le directeur de cabinet du général, Omar Belhouchet répondra : «Le 10 octobre 1988, nous avons été reçus par le général, et nous étions plusieurs journalistes à aller le voir pour faire libérer ceux qui avaient été arrêtés lors de ces évènements, et nous avions été introduits par son chef de cabinet, qui était en l'occurrence Aboud Hichem.» Ali Djerri insistera sur le fait que c'était une contribution à l'histoire lors du 10e anniversaire de ces événements. Quant à Abrous Outoudert, il dira : «D'abord, je ne connaissais pas Betchine, je ne l'ai jamais rencontré, malgré cela, en 1995, alors que j'étais dans l'avion pour partir à l'étranger, j'ai été arrêté et descendu de l'appareil pour un simple petit papier d'information.» L'avocat de la partie adverse a tenté de démontrer, décrets de nomination à l'appui, que Mohamed Betchine n'était pas le responsable de la Sécurité militaire au moment des événements du 5 Octobre 1988. L'on comprend qu'il reste à savoir quand ont été publiés ces décrets. Dans sa plaidoirie, Me Soudani commencera par dire que l'avocat de la partie adverse devrait se mettre préalablement d'accord avec son client, car ce dernier a déclaré personnellement devant le juge d'instruction le 26 mai 1999, qu'il était le responsable de la direction centrale de la Sécurité militaire. Il ajoutera : «Betchine se plaint d'avoir été touché dans son honneur et sa considération, il aurait dû venir personnellement nous dire quels sont les éléments qui lui semblent diffamatoires. Par ailleurs, il s'agit d'une lettre ouverte d'un capitaine de l'armée qui était chef de cabinet et qui est intervenu à l'occasion du 10e anniversaire des évènements d'Octobre 1988. Cette lettre aurait pu faire éventuellement l'objet d'une mise au point que les éditeurs auraient publiée. Faire un procès pour débattre de l'histoire, le lieu ou la tribune à choisir n'est certainement pas le tribunal. L'auteur de cette lettre connaît personnellement le général Betchine pour avoir été directeur de publication de son journal, El Acil. La non-publication de cette lettre par les journaux aurait été un grave manquement de la part des éditeurs, dont le rôle est d'informer l'opinion publique.» Et d'enchaîner : «Il ne s'agit pas d'un écrit de journaliste pour lequel le directeur de publication peut être poursuivi, mais simplement d'une lettre ouverte dont l'auteur est identifié, et qui se veut une contribution à un débat.» Il insistera sur le fait qu'il n'y a pas eu de diffamation dans ce procès, dont l'issue la plus logique ne peut être que la relaxe. Le juge a mis l'affaire en délibéré pour le 31 décembre.