- Les patients atteints d'hépatite C que nous avons rencontrés ont déclaré qu'ils ont tous été contaminés ici, au centre de dialyse. Est-ce vrai ? Et qu'est-ce qui peut engendrer cette maladie qui devient actuellement une menace pour les citoyens de la région ? C'est une responsabilité partagée par le patient et l'équipe chargée de son traitement. Le staff médical ainsi tous ceux qui travaillent dans ce secteur doivent absolument veiller au respect des normes et des consignes d'hygiène, ainsi qu'au bon déroulement de l'opération de l'hémodialyse. Le patient a aussi sa part de responsabilité. Il doit être toujours attentif et respecter les conseils de son staff médical. Avant, nous appelions l'hépatite C par l'hépatite post-transfusionnelle, car elle ne peut être contractée que par le sang après transfusion. Donc, s'il n'y a pas de contact par le sang, il ne peut y avoir d'hépatite C, qui est une maladie à risque de contamination, notamment au niveau des services hospitaliers, où il existe des transfusions. Le deuxième facteur, découvert surtout ici en Algérie, est le risque de contamination au niveau des cabinets dentaires. Donc, il est vrai que le staff est responsable au centre, mais nous ne pouvons rien faire pour empêcher la propagation de la maladie à l'extérieur de l'établissement. C'est un travail de prévention que nous devons effectuer. Il n'est pas dans nos prérogatives de le faire en dehors de l'établissement. Ceci est le travail de l'Etablissement public de santé de proximité (EPSP), mais la société civile doit aussi nous aider à concrétiser cet objectif. Quant au transport que les patients soulèvent, ce n'est pas nous qui sommes chargés de ce dossier, mais c'est à la CNAS de prendre en charge ce problème.
- D'où vient la contamination alors ?
Notre centre a ouvert en février 2001. A l'époque, j'étais le seul médecin qui assurait la prise en charge des patients dans cet établissement. Malgré nos moyens insuffisants, nous assurions le traitement de 16 patients, dont 9 atteints d'hépatite C qui nous ont été transférés du centre de dialyse de Laghouat. De plus, dans notre établissement, nous rencontrons beaucoup de difficultés avec certains patients qui ne respectent pas les procédures de prévention et d'isolation avec les autres malades. Il faut savoir qu'avec des malades atteints d'hépatite C, nous avons un cas de sida, des diabétiques, des asthmatiques et des malades atteints d'hépatite B qui est plus dangereuse que l'hépatite C. L'hépatite B est une pathologie mortelle. Elle se transmet même par voie orale. Certains patients ne veulent pas prendre conscience des risques et du danger de ce phénomène. Ils se mêlent à eux et mangent parfois ensemble. Ainsi, ils augmentent leur risque de contamination.
- Vous déresponsabilisez donc le centre de dialyse d'Aflou…
Je ne pense pas que nous ayons une responsabilité dans l'augmentation des cas d'hépatite C, même si le nombre n'est pas aussi important après 12 années de service, me semble-t-il. Notre établissement respecte les normes d'hygiène. Nous avons un matériel sophistiqué qui nous oblige à respecter les normes d'hygiène, à l'exemple du concentré que nous ne pouvons injecter à l'intérieur de l'appareil qu'après désinfection du matériel. Sinon, ce dernier ne peut être fonctionnel. Nos malades doivent aussi comprendre un point important : il y a le malade et le porteur de maladie. Il faut d'abord procéder à la vérification de la charge virale du patient, si elle est positive, on peut dire que la virulence du virus est élevée et par conséquence, le patient est atteint d'hépatite C. Si elle est négative, donc le virus est inactif. Dans notre centre, nous avons 56 malades, mais une femme est récemment décédée. Sur les 55 patients, nous avons trois cas d'hépatite B et 32 d'hépatite C, dont deux en instance de confirmation. Les 32 sont des personnes recensées par notre établissement et qui se soignent chez nous. A l'extérieur, le nombre est sûrement supérieur et important, et c'est là que réside le danger. Je pense qu'il faut faire un travail de sensibilisation à Aflou. C'est la responsabilité de tout le monde, si nous voulons en finir avec la propagation de cette maladie. De plus, ce ne sont pas tous les patients qui acceptent le traitement. Récemment, nous avons réussi à guérir un patient qui est passé d'un stade positif à un stade négatif. Donc la guérison est possible.