Au moins trois membres des Frères musulmans, considérés désormais par les autorités égyptiennes comme un «groupe terroriste», ont été tués et 250 autres arrêtés hier lors de rassemblements interdits marqués par des heurts ayant fait au moins un mort. Malgré la vague de répression qui s'abat sur eux depuis cet été et le nouveau coup dur de leur désignation mercredi comme groupe «terroriste», les partisans de Mohamed Morsi, le président islamiste renversé le 3 juillet par l'armée, avaient appelé à manifester dès hier au Caire et partout dans le pays. «Poursuivons avec force et pacifiquement une nouvelle vague d'actions majestueuses anti-coup d'Etat», a lancé dans un communiqué l'Alliance anti-coup d'Etat, dirigée par les Frères musulmans. Les manifestants, qui s'étaient rassemblés dans plusieurs villes du pays après la grande prière hebdomadaire, ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Un homme a été tué dans des heurts entre policiers et islamistes à Samaloute, au sud du Caire, selon une source hospitalière, et au moins 148 manifestants pro-Morsi ont été arrêtés à travers le pays, selon un responsable de la police. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hany Abdel Latif, a expliqué qu'une enquête était en cours sur le décès et qu'un policier avait été blessé dans la même province, accusant les manifestants d'avoir utilisé des armes à feu et des bombes incendiaires. Des manifestants ont mis le feu à plusieurs voitures de police au Caire et dans la province de Miniyah (sud), selon une source de sécurité. Dans la capitale, une dizaine de blindés se sont précipités vers une mosquée où la police soupçonnait un rassemblement des Frères musulmans. Des perquisitions ont été menées dans les immeubles alentours. Risque de radicalisation ? Toujours au Caire, la police a tiré des gaz lacrymogènes vers des manifestants qui jetaient des pierres depuis l'intérieur du dortoir de l'université Al Azhar. L'homme fort du nouveau pouvoir, le général Abdel Fattah Al Sissi, chef de l'armée, avait promis jeudi d' «éliminer» les terroristes et de faire revenir la «stabilité» dans le pays, après deux attentats en deux jours. Mardi, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bâtiment de la police a fait 15 morts à Mansoura (nord) et jeudi matin, un attentat visant un bus a fait cinq blessés dans le nord du Caire. L'attentat de Mansoura a été revendiqué par un mouvement djihadiste, Ansar Beit Al Maqdess, mais le gouvernement considère les Frères musulmans comme responsables de cette attaque, que la confrérie a dénoncée. Les dirigeants de la confrérie risquent désormais la peine capitale pour «terrorisme», a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hany Abdel Latif. Quant à ses membres, ils sont interdits de manifestation, et le journal du mouvement, Liberté et Justice, a été définitivement interdit, de même que le parti du même nom, qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte de 2011. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déploré la décision du pouvoir égyptien. En destituant M. Morsi, les militaires ont promis une «transition démocratique», qui doit se clore par des élections législatives et présidentielle mi-2014.