Un étudiant a été tué samedi et une centaine d'autres arrêtés lors d'affrontements entre la police et des partisans des Frères musulmans qui ont incendié un bâtiment de l'université Al-Azhar au Caire, au lendemain de heurts ayant fait cinq morts à travers le pays. Les autorités égyptiennes, dirigées de facto par l'armée depuis la destitution le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi, sont engagées dans une vaste répression contre la confrérie, considérée depuis mercredi comme une "organisation terroriste". La police a annoncé avoir désamorcé une bombe placée dans un bus au Caire, quelques jours après une explosion ayant fait plusieurs blessés dans la capitale. Dans l'université d'Al-Azhar, des étudiants islamistes ont interrompu un examen à la faculté de Commerce et mis le feu au bâtiment, provoquant une intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser, a indiqué une source de sécurité. Un responsable hospitalier a fait état de la mort d'un étudiant de 19 ans et un responsable de la police de l'arrestation de 101 personnes. L'incendie a été éteint par les pompiers après avoir ravagé deux étages. Les partisans des Frères musulmans sont remontés contre la direction d'Al-Azhar, la plus haute institution sunnite, dont dépend l'université, qui a soutenu l'armée lors de la destitution de M. Morsi début juillet. Toujours samedi, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes contre des étudiants à l'université de Zagaziq, au nord du Caire, selon des responsables de sécurité. Défiant la répression, les partisans de M. Morsi avaient appelé à manifester vendredi au Caire et partout dans le pays, et des heurts ont éclaté dans plusieurs villes avec les forces de l'ordre, mais surtout avec des opposants aux Frères musulmans. Ils ont fait au total cinq morts, selon un dernier bilan donné samedi par le ministère de la Santé. Au total, 265 "éléments des Frères musulmans" ont été arrêtés pendant ces affrontements, selon le ministère de l'Intérieur, dont le porte-parole Hany Abdel Latif a accusé les manifestants d'avoir utilisé des armes à feu et des bombes incendiaires. 'Transition démocratique' L'homme fort du nouveau pouvoir, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, avait promis jeudi d'"éliminer" les terroristes et de rétablir la "stabilité" dans le pays, après deux attentats en deux jours. Mardi, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bâtiment de la police a fait 15 morts à Mansoura (nord) et jeudi matin, un attentat visant un bus a fait cinq blessés dans le nord du Caire. L'attentat de Mansoura a été revendiqué par un mouvement jihadiste, Ansar Beit al-Maqdess, et condamné par les Frères musulmans, mais le gouvernement considère la confrérie comme responsable de cette attaque. Les dirigeants de la confrérie risquent désormais la peine capitale pour "terrorisme", selon le ministère de l'Intérieur. Quant à ses membres, ils sont interdits de manifestation, et le journal du mouvement, "Liberté et Justice", a été définitivement interdit, de même que le parti du même nom, qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte de 2011. Depuis la destitution de M. Morsi, l'Egypte est entrée dans un engrenage de violences. Les autorités répriment dans le sang les islamistes, et les plus radicaux d'entre eux mènent des attaques qui ont tué plus d'une centaine de policiers et de soldats. Les autorités accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois apporter la preuve des liens entre les jihadistes et les Frères musulmans, tenants d'un islam politique plus modéré. L'implacable campagne des autorités a fait plus de 1.000 morts et des milliers d'arrestations dans les rangs islamistes. Tolérés sous le régime de Hosni Moubarak et véritablement sortis de la clandestinité à son départ en 2011, les Frères musulmans ont remporté toutes les élections organisées depuis, et pourraient désormais se radicaliser, selon des experts. En destituant M. Morsi, les militaires ont promis une "transition démocratique", qui doit se clore par des élections législatives et présidentielle mi-2014.