La violence et la radicalisation semblent être les deux seuls maîtres mots politiques en Egypte. Suite à la décision de classer leur confrérie comme organisation terroriste, les Frères Musulmans, dont est issu le président déchu par l'armée, Mohamed Morsi, ont violemment manifesté, vendredi, au Caire et dans plusieurs villes du pays, et ce, malgré la vague de répression qui s'abat sur eux depuis l'été. Les protestataires se sont rassemblés et ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Des heurts ont éclaté par endroits avec les forces de l'ordre, qui comptent plusieurs blessés et véhicules incendiés, mais surtout avec des opposants aux Frères musulmans. Bilan : trois morts et plusieurs blessés dans plusieurs villes, selon le ministère de l'Intérieur. Loin de se laisser intimidées, les forces de l'ordre ont arrêté au moins 265 membres de l'organisation. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hani Abdel Latif, a accusé les manifestants d'avoir utilisé des armes à feu et des bombes incendiaires. Il a assuré que des mesures sont prises pour qu'ils soient jugés, conformément à la décision gouvernementale de désigner la confrérie comme « groupe terroriste ». Compte tenu de cette désignation, les responsables des Frères musulmans risquent la peine de mort et les manifestants jusqu'à cinq ans de prison. Les autorités accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois apporter la preuve des liens entre les djihadistes et les Frères musulmans. Hier, un étudiant a été tué dans des affrontements entre la police et des partisans des Frères musulmans qui avaient mis le feu à un bâtiment de l'Université Al Azhar, au Caire. Au moins 60 étudiants ont été arrêtés. Cette flambée de violence n'a pas laissé insensibles les partenaires arabes. Le conseil des ministres arabes de l'Intérieur a condamné ces « actes terroristes et criminels ignobles », estimant que de telles attaques visaient à « semer l'insécurité et compromettre le processus démocratique dans de ce pays ». « Ces actes ne font que renforcer la solidarité du peuple égyptien avec les forces de sécurité pour combattre le terrorisme et la criminalité et assurer la sécurité et la stabilité en faveur du développement et du progrès dans ce pays », soutient le conseil de l'organisation panarabe.