Entre Maghrébins et Européens, la question de la libre circulation des personnes et des flux migratoires vers l'Europe continue de susciter, de part et d'autre, bien des appréhensions, impliquant le devenir même du partenariat euro-méditerranéen. Najat Mjid, présidente de l'Association marocaine " Bayti ", n'a pas manqué de fustiger l'attitude négative que l'Europe observe actuellement quant à la question de la libre circulation des personnes. D'après elle, le partenariat euro-méditerranéen " a exclu la dimension humaine, à travers la question de la circulation des personnes et se doit de ce fait d'être repensé ". Tel que conçu par les Européens , " le processus de Barcelone semble avoir comme toile de fond la sécurité, et comme objectif central celui de faire de la région , d'abord une zone de paix et de stabilité avant d'être une zone de prospérité partagée " , a tenu à rappeler la présidente de Bayti. Et d'ajouter : " la montée des extrémismes européens (partis d'extrême droite), le racisme, le terrorisme, la diabolisation de l'islam (...), ont fait de la migration un problème responsable de tous les maux et dont la seule solution est le tout sécuritaire ". Ainsi mise en évidence, l'obsession du risque migratoire que les Européens nourrissent à l'endroit des populations maghrébines, se révèle être l'un des principaux points de discorde qui contrarient l'idéal d'un partenariat équilibré entre les deux rives de la Méditerranée. Dans ce contexte précis, l'Europe déçoit, aux yeux des maghrébins, non seulement par son approche strictement sécuritaire de la question de la circulation des personnes, mais aussi par son manque d'engagement en faveur du développement des économies du Maghreb, ne serait-ce que pour aider à atténuer la pression migratoire. Pourtant, comme l'a souligné le professeur en démographie Youssef Courbage au séminaire de Madrid : " pour les Nations Unis, l'Europe (celle des 15, de 375 millions d'habitants), devra accueillir 15 millions d'immigrants d'ici à l'an 2025, simplement pour faire face à la diminution de sa population et 35 millions pour empêcher la diminution de sa population active ". Bien qu'elle se rende compte que sa population active va se fondre dans les 20 à 30 prochains années, l'Europe, ajoute le même intervenant, " hésite à ouvrir les vannes de l'émigration". Coopération Les pays européens, a-t-il relevé, " continuent à observer des politiques migratoires qui varient au coup par coup ". Quoi qu'il en soit, tant au regard du principe de la libre circulation des personnes qu'au vu des impératifs de coopération économique qu'impliquent le partenariat euro-méditerranéen, les pays du Vieux continent sont aujourd'hui clairement interpellés sur la nécessité d'un équilibre des relations entre les deux rives. Les riches sociétés de la rive nord, prévient-t-on à cet égard, ne peuvent maintenir d'une façon permanente loin de leurs frontières, les poches de misère et de frustration. Le partenariat euro-méditerranéen , comme le souligne en définitive la présidente de l'association “Bayti”, “ne saurait se résumer à une simple juxtaposition d'accords d'association nord-sud, mais doit intégrer la nécessité de réduire la fracture entre les deux rives”.