L'augmentation des tarifs de l'électricité paraît imminente. Le président-directeur général du groupe Sonelgaz, Nourredine Bouterfa, a affirmé hier au cours d'une conférence de presse tenue au siège du ministère de l'Energie et des Mines que « ce dossier est désormais entre les mains de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) ». Notre objectif est de pouvoir assurer un autofinancement de notre plan d'investissement à hauteur de 30% », a-t-il expliqué. Questionné sur le taux d'augmentation des tarifs que souhaiterait Sonelgaz, M. Bouterfa a répondu : « Nous avons présenté une demande d'augmentation des tarifs d'électricité de 10 à 15 % à la CREG et nous attendons sa réponse. Cependant ce n'est pas ce qu'on a demandé qui est important, mais c'est ce que la CREG voudra bien nous donner. » C'est donc à cette commission qu'appartiendra la lourde tâche de définir les taux d'augmentation de l'électricité. Le président du CREG, M. Othmane, présent à la conférence, nous a confié que Sonelgaz a, en effet, déposé un dossier depuis deux mois, mais il lui est impossible d'apporter une réponse car les données de ce rapport sont insuffisantes. Autre point ayant retardé l'augmentation des tarifs : selon la réglementation, il ne peut y avoir deux décisions d'augmentation des tarifs en l'espace d'une année, or la dernière augmentation a eu lieu en juin 2005. Maintenant que ce délai est dépassé, les responsables de la Creg ont toute latitude pour ordonner une hausse des tarifs. « Cela peut prendre un mois ou plus », a souligné hier M. Othmane. Pour l'heure, le prix de vente de l'électricité basse tension est de l'ordre de 3,536 DA/kWh. Le président de la Creg étudie actuellement la possibilité de « fractionner » l'augmentation des tarifs afin, dit-il, d'atténuer l'impact sur les consommateurs. Le directeur de Sonelgaz propose, quant à lui, d'effectuer de petites augmentation (de 1,5 à 2%) étalées sur plusieurs années. Nourredine Boutarfa justifie sa requête par le fait que « l'entreprise Sonelgaz doit couvrir ses frais d'investissement ». « D'où voulez-vous qu'on apporte 9 milliards de dollars d'investissements », assène-t-il. L'entreprise est pourtant en très bonne santé financière. Elle a affiché, au cours de l'année 2005, un chiffre d'affaires de 100,6 milliards de dinars (une hausse de 1,14% par rapport à 2004) et des bénéfices de 18 milliards de dinars. Seul point noir dans le bilan présenté hier : les créances de Sonelgaz restent assez importantes. En 2005, les créances étaient de l'ordre de 28 milliards de dinars, dont 31% contractées auprès des abonnés ordinaires, 25% auprès des administrations et 35% auprès du secteur économique. Pour le PDG du groupe, cet endettement n'est pas un mauvais signe. « Il n'y a que les riches qui s'endettent », dit-il. M. Boutarfa prévoit de « racheter » la dette externe avant la fin de l'année. L'autre difficulté qui préoccupe grandement Sonelgaz est celle liée aux pertes de l'énergie estimée à 16% en raison de pratiques frauduleuses (vol, piratage, réseaux clandestins...) et qui causent des manques à gagner évalués à 10% du chiffre d'affaires annuel, soit près de 10 milliards de dinars. Par ailleurs, le nombre d'abonnés de Sonelgaz est passé en 2005 à plus de 5,6 millions, en croissance de 4,6% par rapport à l'année dernière. Les ventes d'électricité ont progressé de 5,4% et la production a enregistré une croissance de près de 9%. En matière d'interconnexion avec le Maroc et la Tunisie, le PDG a indiqué que les projets sont lancés et devront s'achever en 2008. Pour ce qui est des délestages, les responsables de Sonelgaz ont affirmé que toutes les dispositions ont été mises en place pour éviter des désagréments de ce type durant la saison estivale. Pour répondre à la demande estivale, notamment dans l'ouest du pays, touché fréquemment par des coupures d'électricité, une capacité de production supplémentaire sera mise en place à travers le transfert de la capacité de la centrale de M'sila vers Naâma ainsi que l'entrée en service de la centrale de Berrouaghia (448 MW) dans le courant du dernier trimestre 2006. L'on ne reste cependant pas à l'abri d'incidents « involontaires » qui risquent de plonger les abonnés de Sonelgaz dans le noir.