D'anciens militants et maquisards de 1963 viennent de démissionner du FFS, aggravant la crise qui secoue le parti. Une douzaine d'anciens militants et maquisards de 1963 viennent de démissionner du parti, aggravant la crise qui secoue le FFS depuis quelques mois. Cette nouvelle démission collective est expliquée aux «responsables nationaux du parti» que les douze signataires accusent d'avoir affiché un «mépris (…) à l'égard de la mémoire du parti et aux sacrifices suprêmes de plus de 400 martyrs du combat pour la liberté et la démocratie entre le 29 septembre 1963 et le 16 juin 1965».
En apparence, la pomme de discorde est la stèle érigée à la mémoire des martyrs du FFS à Akfadou et dont la quête de fonds aurait buté sur un refus de contribution de la part des députés du parti. Attendue pour marquer les festivités du cinquantenaire de la création du FFS, cette stèle, qui a coûté près de 160 millions de centimes et à l'origine de la crise qui a éclaté, n'a finalement été inaugurée qu'une semaine plus tard, soit le 5 octobre, après un report décidé par l'instance nationale. «Cela fait 50 ans que je suis au FFS et je reste fidèle à ses idéaux. Si nous démissionnons aujourd'hui, c'est pour nous démarquer de ces gens-là. Nous ne pouvons pas nous taire quand il est question de la mémoire de nos martyrs grâce à qui, aujourd'hui, ils sont députés», nous dit Ourdani Hacène, 66 ans, habitant à Akfadou. «Nos rapports n'ont eu aucune suite. Ils ne nous considèrent même pas», ajoute celui qui, en 1963, a pris les armes à 16 ans «pour combattre la dictature». Un «rapport circonstancié et exhaustif sur le projet de la stèle à la mémoire des martyrs de 1963 et les agissements inadmissibles des sept parlementaires» du parti a été adressé à la direction nationale du parti de la part de la fédération de Béjaïa, alors sous la présidence du premier fédéral et non moins député Khaled Tazaghart. Les accusations ont été dirigées contre six députés, parmi les huit que compte le parti à Béjaïa, ainsi que contre le seul sénateur du parti dans la wilaya. LE FINANCEMENT DE LA STÈLE À L'ORIGINE DE LA CRISE L'un des parlementaires, Ichallamene Saïda, se trouve être aussi membre du présidium du FFS. L'écrit rendant compte de la démission du groupe des anciens de 1963, dont une copie nous a été adressée, cite nommément les sept parlementaires, les accusant d'avoir «refusé de verser leurs contributions pour la réalisation de la stèle». «J'ai remis des rapports en main propre à Mohand Amokrane Cherifi et à Ahmed Betatache. Aujourd'hui, nous n'avons plus confiance en le présidium. Ils s'inquiètent de ce qui se passe en Irak, en Palestine, et feignent d'oublier les problèmes du parti», se désole Abane Madjid, 72 ans. Premier signataire de la démission collective, Abane Madjid a assisté à la première réunion donnant naissance au parti FFS à Selloum (Bouira). Il se souvient encore des maquis de 1963, alors qu'il avait 21 ans et d'un accrochage à Ahfir (entre Sidi Ayad et Timezrit) avec une compagnie de l'ANP, dont le capitaine était un certain… Liamine Zeroual. «Certains exigent des excuses de la part des responsables du parti. Me concernant, c'en est fini avec eux», tranche ce cousin de Abane Ramdane. Abane, Bentaleb, Ourdani, Ichalal, Harikis, Iklef, Amara, Hiber, Aït Khedache, et d'autres anciens de 1963 sont en colère. Ils dénoncent la «violation délibérée des statuts et règlement intérieur du parti (et) des règles d'éthique» et accusent, sans ambages, la direction du parti d'avoir exprimé aux parlementaires un «soutien absolu et complicité totale». Ils rendent aussi coupable l'un des députés de «dépassements graves (…) par des propos immoraux à l'endroit de (leur) camarade militante Ouberzou Rosa, élue à l'APW de Bgayet». Cette démission est clairement expliquée comme faisant suite à celle déposée, la fin de l'année écoulée, par le premier secrétaire fédéral, Khaled Tazaghart, et tout son secrétariat. Dans le document qui nous a été remis, dix membres du secrétariat fédéral et huit délégués auprès du premier secrétaire fédéral ont signé leur démission. La goutte qui a fait déborder le vase est venue avec la décision du premier secrétaire national, Ahmed Betatache, d'annuler un conseil fédéral devant se tenir dans la commune de Tamridjet. «Alors que nous nous attendions à une suite au rapport que nous avions transmis aux instances nationales, alors que nous avions nourri un immense espoir de voir les questions soulevées dans ce document trouver des solutions, conformément aux statuts, et à notre grand regret et à la stupéfaction générale, comme seule réponse, une décision d'annulation pure et simple d'un conseil fédéral (…)», ont écrit, pour rappel, les premiers démissionnaires qui dénoncent «un climat délétère qui prévaut au sein du parti, favorisé par l'impunité dont jouissent certains responsables».