Le pays peine à s'installer dans l'ambiance présidentielle à moins de trois mois seulement de ce rendez-vous. Si l'ensemble de la classe politique est suspendu à la moindre annonce pouvant dissiper un tant soit peu le flou qui entoure cette élection présidentielle, l'Initiative de refondation démocratique (IRD) – lancée par d'anciens parlementaires et acteurs de la société civile – se place carrément en dehors de l'échéance présidentielle et propose une «période de transition de deux ou trois ans, avec un moratoire sur les élections qui signifierait leur suspension durant toute cette période». Partant d'un constat d'échec des dernières réformes politiques, «concédées après l'emballement de la région contre les régimes autocratiques en place, ne lèvent ni l'arbitraire ni libèrent l'espace public en matière de droits et libertés», les initiateurs de l'IRD estiment que «l'impact de ces réformes sur le champ politique laisse penser que leur contenu a été élaboré dans le seul but de consacrer l'ambition à la conviction et de mieux obstruer la perspective du changement démocratique». Le changement démocratique tant réclamé est battu en brèche et l'Algérie emprunte désormais «le chemin de la normalisation autoritaire, dont la forme achevée est la mainmise tribale sur l'ensemble des institutions et des hautes fonctions de l'Etat», analyse la déclaration de l'IRD rendue publique hier et signée par Tarek Mira, Hamid Ouazar, Mohamed Beghdadi, Ahmed Bdaoui et Moula Ramdhane. Ces derniers jugent que la perspective démocratique «ne pourra être rétablie dans le pays qu'au prix d'une insurrection morale et politique des démocrates en faveur d'une nécessaire refondation en termes de configuration sociologique et de pratique politique». Ils préconisent une période de «transition de deux ou trois ans, avec un moratoire sur les élections qui signifierait leur suspension durant toute cette période et doit permettre en effet à la société, une fois l'ouverture politique et médiatique acquise, de secréter ses nouvelles organisations représentatives en mesure de réaliser la rupture que les Algériennes et les Algériens espèrent et attendent». Issus de courants politiques divers, les animateurs de l'Initiative de refondation démocratique se disent convaincus que les élections ne «reflètent pas la souveraineté des Algériennes et des Algériens sur leur avenir». «Les élections, dont s'enorgueillit le régime en guise de critère pour louer la vitalité de la démocratie, sont loin de refléter la souveraineté des Algériennes et des Algériens sur leur destin eu égard au trucage du processus électoral en amont et en aval, et ce pour l'ensemble des scrutins» et «le sens du vote est ainsi complètement et sciemment dévoyé. Les élections deviennent une mécanique formelle qui pourvoit en quotas préétablis les institutions avec un personnel politique au profil approprié pour perpétuer le régime», brocardent-ils.