Mobiliser des citoyens pour aller vers une «deuxième République». C'est l'objectif d'une nouvelle initiative politique lancée, depuis hier, par des anciens cadres de partis d'opposition. Il s'agit de Abdesselam Ali Rachedi et Hamid Ouazar, anciens députés du FFS, ainsi que Tarik Mira, ex-député du RCD. Baptisée «Campagne nationale pour la deuxième République (CNDR)», l'initiative en question est lancée depuis hier. Elle vise à constituer un rapport de force dans la société pour ouvrir la voie à un «véritable changement». «Notre initiative s'adresse à tous les citoyens et les citoyennes. Il n'y a aucune organisation qui la chapeaute, nous voulons juste prendre nos responsabilités et tenter d'apporter notre contribution pour instaurer une démocratie en Algérie», a expliqué Abdesselam Ali Rachedi lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège d'El Watan, à Alger. Le contenu de cette démarche, qui ne devra être dirigée par aucune tutelle, est expliqué dans une déclaration rendue publique par la même occasion. Elle consiste d'abord à constituer un rapport de force dans la société pour imposer la suspension du processus électoral afin d'aller vers une ouverture du champ politique et médiatique. «Une refondation totale des institutions et de la pratique politique est nécessaire. Il faut une large ouverture politique et médiatique, d'inspiration libérale, destinée à établir un Etat de droit, l'égalité entre tous les citoyens, hommes et femmes, et le respect des droits de la personne humaine. La décentralisation, la séparation et l'équilibre des pouvoirs doivent être consacrés», expliquent les initiateurs de la CNDR. Pour eux, ce n'est qu'une fois ces conditions réunies que l'on pourra aller vers une période de transition. «Une période de transition de deux à trois ans, avec un moratoire sur les élections, est nécessaire afin de jeter les bases du nouveau régime. Ce délai doit permettre aux forces politiques et sociales représentatives de s'organiser, une fois l'ouverture politique et médiatique acquise, avant d'affronter le suffrage universel», expliquent-ils. «Inventer d'autres formes de lutte» Estimant qu'aucune force politique n'est en mesure d'imposer le changement en Algérie, les initiateurs de la CNDR comptent sur une mobilisation citoyenne pour la réussite de la démarche. «Tous ceux et celles qui se sentent concernés par ce noble objectif sont invités à y participer. Tous les citoyens et citoyennes, sans exclusive, sont donc appelés à se mobiliser pacifiquement pour le changement, car tout droit ne se conquiert qu'au prix de luttes résolues», explique-t-on dans la même déclaration. Les nouvelles technologies et d'autres moyens pacifiques doivent être exploités pour vulgariser cette initiative. «Il faudra inventer d'autres formes de lutte. Il faut profiter des nouvelles technologies pour mobiliser les citoyens», souligne Tarik Mira. Hamid Ouazar avance même, pour sa part, la possibilité de revenir aux formes de lutte utilisées avant l'avènement du multipartisme. «Nous ne souhaitons pas une explosion violente, nous voulons une mobilisation pacifique. L'Algérie n'est pas à l'abri de ce qui s'est passé dans d'autres pays de la région. Il faudra que le régime accepte l'idée du changement», lance Abdesselam Ali Rachedi. Les trois militants se gardent toutefois d'imposer leurs propres solutions pour sortir de la «crise du système». «Tout le monde peut formuler des propositions. Le plus important est de constituer ce rapport de force qui imposera la transition», précisent-ils.