L'Algérie et la Grande-Bretagne ont signé durant le week-end quatre accords de coopération dans les domaines judiciaire et consulaire. Ces accords ont été paraphés à la faveur de la visite de deux jours à Alger du ministre d'Etat auprès du ministère britannique des Affaires étrangères, chargé des Affaires du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de la réforme de l'ONU, Kim Howells. Le premier accord concerne « l'entraide judiciaire en matière pénale » et le second « l'entraide judiciaire en matière commerciale et civile », alors que les deux autres portent sur « la circulation des personnes et la réadmission » et sur « l'extradition ». Les représentants des deux pays ont paraphé, en outre, un mémorandum portant création d'un comité sur les relations bilatérales, dont la signature interviendra en juillet prochain à Londres. Le document a été signé, pour la partie algérienne, par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, et pour la partie britannique par M. Howells. Celui-ci a saisi l'opportunité pour inviter le président Bouteflika à assister à l'événement et à rencontrer la reine Elisabeth II. Ce mémorandum, ont expliqué les deux parties, est destiné à « encadrer les relations algéro-britanniques et à jeter les bases juridiques d'un dialogue politique multiforme aussi fécond que régulier ». « Ce texte devra conférer à nos relations bilatérales une grande visibilité, à travers la mise en place d'un mécanisme flexible, mais efficace, de concertation politique, de nature à impulser les échanges dans tous les domaines qui intéressent les deux pays. Il représente un nouveau départ dans les relations bilatérales et matérialise la volonté partagée des deux pays, exprimée à maintes reprises au plus haut niveau, de diversifier et de densifier leur coopération bilatérale pour lui ouvrir de nouveaux champs tels que l'investissement direct ou encore la coopération culturelle scientifique et technique », a indiqué M. Messahel lors d'une conférence de presse animée jeudi conjointement avec M. Howells. Le représentant algérien a insisté sur l'idée que le paraphe de ce mémorandum est fait pour envoyer un « signal très fort » aux entreprises britanniques qui pourront prendre une place appréciable, à la mesure de leurs moyens et de leur expertise, « dans la réalisation des gigantesques programmes de développement prévus par le programme de soutien à la relance économique, le programme spécial pour les Hauts-Plateaux et le programme spécial pour le sud ». « Il (le mémorandum) permettra de dépasser cette sorte de fatalité qui a fait que l'investissement britannique s'est jusque-là orienté presque exclusivement vers l'énergie et les hydrocarbures », a soutenu M. Messahel. Les deux parties ont estimé que les quatre accords sont d'une « importance majeure pour le futur de toutes les relations entre les deux pays en matière judiciaire, pénale et consulaire ». Importants dans la mesure où ils fourniront la base juridique qui manquait jusque-là aux discussions engagées, il y a deux ans par Alger et Londres, pour l'extradition de l'ancien patron du groupe Khalifa, Abdelmoumen Rafik Khalifa et d'un certain nombre d'Algériens recherchés par la justice algérienne pour terrorisme. Le diplomate britannique a indiqué toutefois que les « candidats » à l'extradition pourront bénéficier de « procès équitables ». Pour concrétiser au plus vite les objectifs visés et conférer aux relations bilatérales un cadre juridique capable de garantir leur pérennité et les soustraire aux aléas de la conjoncture, les deux ministres ont convenu de conclure au « plus tôt » une série d'accords et de conventions touchant à des domaines multiples, à l'exemple de ceux ayant trait à la garantie et à la protection des investissements, à la non double imposition. Le diplomate britannique a eu à revenir sur l'affaire Khalifa, qui continue à défrayer la chronique autant en Europe qu'en Algérie. Mais bien qu'ayant accepté de parler du dossier, il a laissé les journalistes sur leur faim. De « peur » de perturber l'enquête, M. Howells a fait dans les généralités. « Tout ce que je peux vous dire est que la coopération entre les polices des deux pays fonctionne bien sur cette affaire », a-t-il dit. A une question relative aux difficultés persistantes rencontrées par les Algériens pour obtenir des visas d'entrée en Grande-Bretagne, M. Howells a souligné que son pays « veillera désormais à l'amélioration des conditions d'octroi des visas ».