Jusqu'en début de soirée d'hier, le gouvernement de Mehdi Jomaâ n'était pas encore annoncé à Tunis. Tunis De notre correspondant
Le suspense est à son comble, notamment à propos du ministère de l'Intérieur. Jomaâ n'a pas le droit de reporter son annonce, selon l'Organisation provisoire des pouvoirs publics qui fait foi de petite Constitution. Des tractations très serrées se sont poursuivies jusqu'en début de soirée pour boucler à terme l'équipe de Mehdi Jomaâ. Ennahdha et l'opposition se sont querellés jusqu'au dernier moment autour de l'aptitude de Lotfi Ben Jeddou à garder le ministère de l'Intérieur. L'opposition est allée jusqu'à proposer au chef du gouvernement de cumuler sa fonction avec celle de ministre de l'Intérieur. Mehdi Jomaâ a demandé un report de quelques heures pour trouver une solution à ce casse-tête, alors qu'il devait présenter sa liste à 17h30. L'équipe gouvernementale est, en gros, formée de compétences aguerries et indépendantes qui n'ont jamais fait partie du gouvernement. Elles ont toutefois fait preuve d'un haut degré de savoir-faire là où elles sont passées, selon les observateurs. Ainsi, le nouveau ministre des Finances, Hakim Ben Hamouda, était un haut conseiller auprès du président de la BAD. Le nouveau ministre de la Justice, Hafedh Ben Salah, était un éminent professeur d'université. Programme d'action Selon les sphères proches de Mehdi Jomaâ, l'allocution qu'il a préparée à l'occasion de la remise de la liste de son équipe au président de la République a surtout insisté sur le respect des priorités de la feuille de route du Dialogue national. Ainsi, l'importance accordée à la préparation d'un climat serein pour les prochaines échéances électorales est mise en valeur. Il y aurait également une promesse claire du nouveau chef du gouvernement pour que son équipe fasse de son mieux dans les dossiers économiques urgents afin qu'il y ait reprise sur ce terrain, de même que pour les dossiers sociaux brûlants comme le chômage et la pauvreté. A rappeler que Mehdi Jomaâ avait déjà insisté sur le fait qu'il ne dispose pas de baguette magique. Il est clair, à travers les idées avancées par les sphères proches de Mehdi Jomaâ, que ce dernier compte réduire à l'extrême les dépenses gouvernementales directes en recommandant l'austérité à son équipe. Ainsi, son équipe de conseillers se limiterait à dix alors qu'elle s'élevait à 63 sous son prédécesseur, Ali Laârayedh. Les cabinets ministériels seront également réduits et favoriseront les cadres supérieurs de chaque structure. Pour ce qui est de la révision des nominations, l'entourage de Mehdi Jomaâ a assuré que ce dernier allait faire des évaluations de tous les postes de responsabilité et revenir sur toutes les nominations de complaisance, notamment à la tête des gouvernorats, des municipalités et des grandes entreprises nationales. Il a recommandé à ses ministres d'être à égale distance de tous les courants politiques. Normalement, hier en début de soirée, la Tunisie aurait dû tourner la page du gouvernement de la troïka, à prédominance islamiste nahdhaouie. Mais, jusqu'à notre mise sous presse, un suspense complet entoure cette option. Dure est la transition en Tunisie.