Ni les démonstrations de rue ni les requêtes officielles n'ont permis de fermer l'usine. Les habitants du lotissement Ali Sadek (2) dans la commune de Bordj El Kiffan subissent depuis plus de sept ans les désagréments émanant d'une usine de production de bitume appartenant à l'EPIC de wilaya, Asrout. D'après la dizaine de milliers d'habitants du lotissement, l'usine a été ouverte en 2006. «En dépit du résultat négatif de l'enquête commodo et incommodo lancée par les services de l'APC, l'usine a quand même ouvert», affirment les habitants qui se sont constitués en association pour défendre leur droit à un cadre de vie sain. «Les émanations de fumée hautement toxique n'ont pas empêché l'usine de fonctionner à plein régime. Ce sont les enfants qui subissent en premier cette pollution, d'ailleurs nombre d'entre eux ont contracté des maladies respiratoires», expliquent-ils. Selon ces habitants, toutes les instances concernées par le problème ont donné des avis qui les confortent dans leur requête. «Que ce soit la direction de l'environnement, celle de la santé ou la Gendarmerie nationale, tous sont d'avis pour délocaliser l'usine qui n'a pas lieu d'être au milieu d'une agglomération tentaculaire», assurent-ils. Signalons que ces citoyens ont eu recours à maintes reprises au blocage de la porte de l'usine. «Nous avons, en guise d'ultime solution, bloqué la porte de l'usine. Il s'en est suivi trois jours d'accrochages avec les services de sécurité qui ont d'ailleurs arrêté 11 jeunes parmi les citoyens frondeurs. Ce faisant et contre la volonté de tous, l'usine a repris ses activités», déplorent-ils. Cependant, une rencontre a été organisée entre les représentants des habitants et les pouvoirs publics. «Lors d'une rencontre à la wilaya déléguée de Dar El Beïda, avec la participation d'Asrout, de la gendarmerie et du maire, on nous a signifié clairement que l'usine continuera son activité. Ce n'était pas une rencontre pour le dialogue, mais beaucoup plus pour nous communiquer la décision finale qui était celle de la réouverture de l'usine», dénoncent-ils. Et d'ajouter : «Lors de cette rencontre, on nous a également expliqué que l'affaire ne dépendait plus des autorités au niveau local, mais de la wilaya.» Ces habitants lancent un appel urgent au wali afin de mettre un terme à leur calvaire, d'autant plus que plusieurs écoles se trouvent à proximité de l'usine. «Une école primaire est distante d'à peine 50 mètres de l'usine. Nos enfants inhalent de la fumée toxique à longueur de journée», regrettent les parents, qui réclament une commission d'enquête de la wilaya. «Les services de la santé et de l'hygiène de l'APC ont été induits en erreur. Nous exigeons une commission de la wilaya pour une enquête qui lèvera le voile sur tous les désagréments que nous subissons depuis plus de sept ans», affirment les habitants.