Séditieux, rebelle, révolté, inconscient ? Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Djelloul Belbachir, un enseignant du secondaire (31 ans d'ancienneté) qui s'est résolu à défier et à affronter son institution en s'armant d'arguments qui ne souffrent d'aucune contestation. Syndicaliste de première heure, il vient tout simplement d'être écarté de la correction des épreuves du baccalauréat, mais... retenu pour la surveillance. Une « ambiguïté » qu'il tente de démontrer au ministère de l'Education avant de décider de boycotter cet examen : « Vos services viennent de commettre une bévue que je me suis permis de réparer. Suivant vos instructions qui stipulent que tous les enseignants du secondaire qui ont participé aux différentes grèves devaient être écartés des examens, je me suis vu rayé des listes des correcteurs, mais retenu pour la surveillance. De mon propre chef, j'ai pris la décision de ne pas me présenter au centre d'examen où j'ai été convoqué. » Et de s'interroger : « Vos services n'ont certainement pas compris que lorsqu'on retire la confiance à quelqu'un, on ne transige pas et qu'un "perturbateur" reste un perturbateur même dans une surveillance de baccalauréat. » M. Belbachir tient à préciser : « Nos seuls vrais juges sont, dans une classe, ces 50 paires d'yeux qui nous fixent lorsque nous nous embourbons avec la pédagogie du projet que vous voulez faire passer à tout prix et que nous essayons de mener à bien sans recyclage, sans documentation, avec de simples directives qui restent incompréhensibles même aux plus anciens, mais que nous essayons de comprendre et de défendre. Pas pour vous faire plaisir, Monsieur le ministre, mais parce qu'elle nous a été imposée et nous ne voulons pas justement "perturber" (permettez-moi de vous emprunter cette expression qui vous est chère) la scolarité de nos chérubins. » Un véritable pamphlet. Enfin, et en dépit des représailles qu'il risque, M. Belbachir tient toujours à préciser : « Nous n'avons jamais su sur quels critères sont choisis ceux qui doivent participer à la correction des épreuves du baccalauréat. Mais, j'ai été choisi quand même, lorsque les temps étaient durs et que rejoindre un centre de correction relevait du courage à cause des risques que nous encourions sur les routes. Mais, nous y allions parce que nous savions que le baccalauréat était tout ce qu'il y a encore de plus noble en matière d'examen dans notre pays (...). » Et de conclure : « Mais, ceux qui m'ont rayé de la liste des corrections du bac savent-ils seulement que c'est grâce à mon mouvement de revendication qu'ils se sont permis une augmentation de salaire en 2003, de plus de 5 000 DA ? » Le coup de colère de M. Belbachir génère beaucoup de soutien à sa cause...