«Papa, nous ne nous reverrons plus jamais, sauf peut-être au paradis si tu te convertis à l'islam». C'est en substance ce qu'ont écrit deux frères mineurs partis combattre aux côtés des djihadistes en Syrie. Paris De notre correspondant Victimes de l'embrigadement islamiste, deux garçons sont partis de Toulouse. Ils sont arrivés en Syrie via les frontières turques. Sur place, ils ont rejoint la ville d'Alep. Après quelques jours passés à apprendre à manier les armes et les explosifs, ils se sont vite retrouvés au front, comme chair à canon, face aux forces militaires de Bachar Al Assad. Leur expérience ne durera pas longtemps. Les deux garçons ont été tués au bout de quelques jours de combat. Le premier a péri dans une explosion, le second d'une balle dans la poitrine. Ce n'est pas la première fois que des mineurs et des adolescents français partent combattre en Syrie. C'est devenu même un phénomène inquiétant pour les autorités françaises. Il est facile de se rendre en Syrie Combien sont-ils ? D'où viennent-ils ? Pourquoi s'engagent-ils ? Manuel Valls a tenté, dimanche 19 janvier, de donner plus de détails sur ces jeunes Français pas comme les autres. Sur la radio Europe1, il a confirmé qu'une douzaine de mineurs se sont rendus en Syrie ou ont cherché à s'y rendre ces derniers temps. Le ministre de l'Intérieur français a précisé que plusieurs facteurs peuvent expliquer ces départs. Un, la relative facilité de se rendre dans ce pays via la Turquie. Deux, le fait que le combat que mènent les djihadistes apparaît «juste» aux yeux de ces adolescents. Ils sont renforcés dans leurs «croyances» par les condamnations quasi unanimes des pays occidentaux à l'égard du régime de Bachar Al Assad. Trois, pour Manuel Valls, il y a sans doute aussi un malaise profond chez ces volontaires partants, notamment ceux qui vivent dans des banlieues déshéritées, en prise directe avec des réseaux islamistes et religieux. 250 Français combattent auprès des djihadistes en Syrie Manuel Valls a estimé que les services secrets français suivent actuellement près de 700 Français considérés comme susceptibles de rejoindre un jour ou l'autre la Syrie. Mais 250 d'entre eux ont déjà franchi la frontière, selon Valls et se trouvent sur les lignes de front des djihadistes dans différentes villes de Syrie. Parmi eux, des jeunes, des adultes, mais aussi des mineurs d'origine maghrébine souvent, mais aussi européenne. Le ministre français a dénombré 21 Français tués depuis 2011 dans des combats opposant les différents groupes terroristes aux militaires de Bachar Al Assad, tandis que 76 jeunes sont revenus de ce bourbier. Impuissant et ne sachant pas comment lutter contre ce phénomène qui gagne de plus en plus de jeunes, Manuel Valls a appelé les autorités musulmanes de France à intervenir et à lutter contre l'endoctrinement religieux et extrémiste dont sont victimes certains banlieusards. Londres inquiète des départs des jeunes en Syrie Mais ce phénomène ne touche pas uniquement la France. La Grande-Bretagne est confrontée elle aussi au départ de plusieurs de ses ressortissants vers la Syrie. Selon le quotidien le Daily Telegraph, citant un déserteur revenu au royaume, Al Qaîda entraînerait des centaines de Britanniques et de non Britanniques en Syrie.Ces entraînements portent sur la fabrication des véhicules piégés. Une fois la technique intégrée et apprise, ils retournent dans leurs pays respectifs pour former des cellules terroristes. Les services secrets britanniques estiment à 500 le nombre de combattants britanniques se trouvant en Syrie. Leurs craintes, qu'ils en reviennent radicalisés. Par ailleurs, selon le juge antiterroriste Marc Trievedic, «il y aura, sans doute, de plus en plus de Français qui partiront pour la Syrie», estimant que la migration des «moudjahidine français» vers ce pays ne date pas d'aujourd'hui, mais remonte au mois d'août 2012. «Au début, c'était très désorganisé, mais plus les choses durent, plus les groupes s'organisent et organisent leurs réseaux d'acheminement de volontaires», a-t-il expliqué sur une radio française. S'agissant de la façon dont sont recrutés ces jeunes, le juge a expliqué qu'au départ il y a toujours un précurseur qui part sur place pour prendre des contacts avec un émir de «katiba» prêt à accueillir les jeunes. Le précurseur revient ensuite avec beaucoup d'argent et embarque avec lui d'autres volontaires. Et d'ajouter que la facilité de rejoindre la Turquie par avion, puis de traverser les frontières par route, ont fait que de nombreux jeunes ont pu rentrer en Syrie, d'autant plus que la Turquie et d'autres pays ne voient pas d'un mauvais œil que des jeunes aillent combattre Bachar Al Assad, selon le juge français. Selon ce dernier, qui a interrogé de nombreux jeunes revenus des fronts syriens, la première motivation de ces combattants qui servent plus de chair à canon que de soldats de Dieu, c'est d'aider le peuple syrien victime, selon eux, du régime de Bachar Al Assad.