A propos du phénomène «djihadiste» – en fait le terrorisme lié à l'islamisme militant –, il y a ce que j'ai nommé une «schizophrénie atlantiste», qui apparaît aujourd'hui quasiment chaque jour à propos des dossiers chauds : Syrie, Libye, Sahel, djihadistes venus de l'UE ... Un exemple ? Ecoutons Manuel Valls, ministre français (et militant sioniste), évoquant les islamistes français partis en Syrie : «La difficulté, c'est qu'ils vont combattre un régime que nous condamnons nous-mêmes. Beaucoup combattent dans l'armée officielle de l'opposition, d'autres peuvent se retrouver dans des groupes djihadistes qui sont sur des listes d'organisations terroristes.» Cette schizophrénie touche aussi toute la classe politique atlantiste. Mais aussi magistrats, élites ou policiers. Et singulièrement la belgo-flamande. Qu'attendre encore lorsque que le porte-parole du Parquet fédéral belge, compétent en matière de terrorisme, ose déclarer ce qui suit (16 avril 2013) : «Le parquet fédéral a souligné l'importance de s'attaquer aux structures et aux groupes qui permettent à des jeunes Belges de se rendre en Syrie. Il précise toutefois qu'il ne faut pas mettre tous les jeunes partis en Syrie dans le même panier, soulignant que certains cherchent à protéger la population civile (sic) et à renverser le régime en place pour le remplacer par un Etat démocratique (resic)» ? Nato-djihadistes : le flirt avec le diable Le déclencheur de l'activisme terroriste des djihadistes au Sahel et au Maghreb comme au Proche-Orient ou en Europe est en effet la réponse à un signal fort, et extrêmement irresponsable, donné depuis plus de deux ans par les USA et l'Otan : la collaboration des services spéciaux de l'Otan, et singulièrement de la CIA, des Français et des Britanniques, avec des leaders d'Al-Qaïda, d'AQMI (sa branche nord-africaine) ou d'Al-Nusra (sa branche en Syrie), en Libye, en Syrie et en Algérie. La politique des USA et de l'Otan, dont la France des Sarkozy et Hollande — qui a enterré la politique du générale de Gaulle aussi bien au niveau européen qu'arabe — réintégrée dans l'Otan est le bon élève servile, peut donc être qualifiée de schizophrénique. Chaque jour de jeunes soldats sont sacrifiés en Afghanistan, en Irak ou au Mali pour combattre des djihadistes. Que par ailleurs on a armés et organisés, comme allié principal, en Libye ou en Syrie. Incohérence ou cynisme... Schizophrénie qui touche aussi les services spéciaux de l'Otan. Ainsi les branches sécurité intérieure des Services français, britanniques ou belges, qui doivent suivre les djihadistes et autres salafistes en Europe, doivent regarder d'un drôle d'œil leurs collègues des branches action extérieure et du Service action qui ont encadré et armé les mêmes islamistes en Libye ou le font encore contre la Syrie. En particulier les barbouzes françaises. Bachar Al-Assad met le doigt là où ça fait mal ... C'est sur ces incohérence, souvent ignorées du grand public occidental, que le président Bachar Al-Assad, dans sa pugnace et intelligente communication de guerre, a mis le doigt. Là où cela fait mal ... «Les représentants du peuple français soutiendront-ils l'extrémisme et le terrorisme, s'est-il interrogé dans sa récente interview au Figaro, à usage des parlementaires et des électeurs français. Les députés français se mettront-ils du côté de ceux qui ont tué des innocents en France ? » Face à un interviewer habilement choisi, Il s'agit du journaliste Georges Malbrunot, qui fut otage en Irak du terrorisme islamique : Assad lance encore un argument massue : «Comment pourront-ils (Ndlr : les parlementaires français) s'opposer à des gens comme Mohamed Merah en France et les soutenir en Syrie !!! » C'est déjà la question que je posais en mars 2012 dans un éditorial intitulé «La France de Sarkozy paye cash sa politique aventuriste en Libye et au Proche-Orient» ...