Abderrazak Makri ne se retient plus. Au cours d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti à Alger, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a qualifié le pouvoir actuel de «plus grande menace pour la stabilité du pays». «Vouloir imposer à tout prix un homme malade est une insulte pour les Algériens. Nous avons l'impression qu'un clan agit en coulisses pour faire élire Bouteflika de sorte à gouverner en son nom dans l'ombre», a asséné le chef islamiste à propos de la candidature de Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle. Malgré cela, Makri a tenu à préciser que la décision de son parti n'est pas déterminée par l'attitude de l'actuel chef de l'Etat. «La seule chose qui pouvait empêcher l'appel au boycott c'était la possibilité de soutenir un candidat consensuel de l'opposition. Nous étions prêts à faire toutes les concessions possibles afin de parvenir à un consensus pour pouvoir présenter un postulant capable de battre le candidat du système. Cela ne s'est pas fait», a encore précisé le président du MSP, qui ajoute que la décision de boycotter le scrutin est «avant tout une demande de la base militante». Mieux, le conférencier, qui a tenu à rappeler que son parti est «capable de présenter seul un candidat», s'est dit prêt à «faire des concessions», à l'image de ce qu'a fait le mouvement Ennahdha en Tunisie. «Même si nous gagnons les élections avec une majorité absolue, nous n'allons jamais gouverner seuls. Il s'agit avant tout de l'avenir d'un pays», a-t-il clamé avant de promettre que son parti «va poursuivre la résistance» en vue de parvenir à un système démocratique. A ceux qui reprochent au MSP de craindre les suffrages, Abderrazak Makri a répliqué que «jamais, il n'y a eu d'élection crédible dans ce pays. Comment voulez-vous parler, dès lors, du poids électoral du MSP ou d'un autre parti ? Les élections algériennes ont toujours été fraudées». Il a donné la même réponse à un journaliste qui lui rappelle que «l'opposition est faible». «Ce qui se passe à Ghardaïa est grave» Le MSP ne veut pas faire cavalier seul. Il veut poursuivre les consultations entamées avec les autres partis de l'opposition. «Il faut que les choses soient claires : nous sommes dans l'opposition franche. L'ère des ambivalences est révolue. Que les autres partis se déterminent», a-t-il lâché. Abderrazak Makri, interrogé sur la position du FFS, a rappelé qu'il a lui-même contacté les responsables de ce parti. En vain. «Nous avons contacté le FFS à trois reprises. J'ai moi-même appelé le premier secrétaire national de ce parti. Il a refusé de dialoguer avec nous. Je constate qu'il préfère discuter avec le pouvoir. C'est son choix et il est respectable», a-t-il dit. Actualité oblige, Abderrazak Makri a cité Ghardaïa comme exemple de «l'incompétence du pouvoir à gérer les crises» qui se posent au pays. Il a annoncé qu'il se rendra lui-même dans cette localité pour comprendre ce qui s'y passe. Il a invité tout le monde à la retenue, car, a-t-il ajouté, «ce qui se passe à Ghardaïa est grave». Poursuivant son constat, le chef du MSP prévoit une année difficile. «Tous les indicateurs prédisent une chute du pouvoir d'achat d'ici la fin de l'année en cours. C'est une preuve supplémentaire que le pouvoir est incapable de gérer la situation», a-t-il jugé. Pis, il a cité les protestations sociales comme étant des signes avant-coureurs d'une possible dégradation de la situation dans le pays. «Les manifestations vont se poursuivre. Et si jamais le pouvoir n'accepte pas de solutions pacifiques, il va devoir en assumer les conséquences», a averti Abderrazak Makri.