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Makri à la recherche d'un improbable front d'oppositions au pouvoir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 11 - 2013

Depuis qu'il a succédé à la tête du MSP à Aboudjerra Soltani, Abderrazak Makri se distingue par sa position tranchée d'opposant sans concession au pouvoir en place et en détracteur féroce du bilan des quatorze années de gouvernance du pays par Bouteflika. Quand il lui est fait remarquer que le MSP est mal placé pour accabler Bouteflika sur son bilan car ayant appartenu à l'alliance présidentielle et donc a été partie prenante de ce bilan, Makri n'en disconvient pas non sans rappeler qu'il a fait partie de la minorité de responsables du MSP qui a toujours été contre la participation du Mouvement à cette alliance.
Il n'empêche que le successeur de Soltani est conscient que malgré son ancrage maintenant dans l'opposition, le MSP traîne le boulet de la connivence avec le pouvoir qui le fait regarder avec méfiance par les autres segments de l'opposition. D'où le peu d'écho et d'adhésion aux initiatives successives qu'il a tenté d'entreprendre en vue de fédérer cette opposition dans la perspective de l'élection présidentielle. Makri a beau avoir opté pour un profil bas en matière d'ambition pour son parti et le présenter comme disponible à s'intégrer dans toute forme de rapprochement entre segments de l'opposition sans prétendre à son leadership, il ne parvient pas à faire oublier à ses interlocuteurs successifs que son parti n'a que fraîchement rejoint l'opposition et que la tentation reste forte dans une frange de sa composante dirigeante de revenir à la politique de compagnonnage avec le pouvoir.
C'est du côté des autres formations islamistes approchées par lui pour constituer un front commun à leur courant idéologique que Makri a rencontré d'irrévocables fins de non-recevoir. Et ce n'est pas en faisant du pied à des formations de l'opposition du camp adverse à celui de son mouvement, dans la même intention, qu'il parviendra à convaincre les premières à se rallier à son idée frontiste. Avec les secondes, Makri est certes parvenu à entamer des prémices de concertation, mais à moins de leur prouver que le MSP renonce aux fondamentaux politiques et doctrinaux sur lesquels s'est faite sa création, il a peu de chance de réaliser avec elles ce qu'il ne peut avec ses homologues islamistes.
Coincés comme ils le sont, Makri et le MSP ne peuvent faire autrement que se montrer plus opposants au pouvoir que ne le sont les plus virulents détracteurs traditionnels de celui-ci. Pas sûr pourtant que cela vaudra au MSP un rapide retour en grâce au sein de cette partie de l'opinion qui s'est détournée de lui en réaction à sa position passée. Ce dont Makri a apparemment pris la mesure qui lui fait adopter un comportement moins ambitieux en terme électoral que celui de son prédécesseur qui prétendait être en capacité de remporter l'élection présidentielle. Habilement, Makri se consacre à positionner et à faire accepter le MSP comme un parti définitivement dans l'opposition au pouvoir et en situation de servir de passerelle entre les deux courants constitutifs de l'opposition. Pari quelque peu aléatoire au vu de ce qui oppose irréductiblement ces deux courants et fait qu'une entente entre eux contre le pouvoir est du domaine de l'improbable tout simplement.


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